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McKenna croit aux chances d'une entente

Patrice Bergeron - La Presse Canadienne

PARIS – Le Canada croit encore aux chances d’un accord d’ici à vendredi à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, mais certaines de ses priorités risquent de ne pas figurer dans le texte final, comme le marché du carbone.

En conférence de presse mercredi matin dans l’enceinte du sommet, au Bourget, la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, a dit être «confiante» que le travail accompli sur certains points litigieux «donnera des résultats» à la COP21.

«Le travail d’ensemble progresse bien et nous visons toujours une entente d’ici au vendredi 11 décembre, a-t-elle affirmé dans sa déclaration d’ouverture. Mais il reste du travail à faire, et comme moi, les ministres des autres pays s’investissent pleinement dans les prochaines étapes, qui seront cruciales.»

La ministre a indiqué que son travail de facilitatrice mandatée par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a été «exigeant et prenant», mais qu’il a fait avancer les pourparlers en vue d’un accord.

En revanche, elle dit qu’il est difficile de savoir si des priorités du Canada, comme la reconnaissance du travail des États fédérés ou la reconnaissance des mécanismes de tarification du carbone, figureront dans la version finale de l’éventuelle entente.

«C’est difficile de savoir les chances, ici on fonctionne par consensus, a-t-elle répondu. On travaille très fort. Ce sont des deux des enjeux, il y a (d’autres) grands enjeux aussi, sur la différenciation (la gradation des efforts entre les pays riches et les pays pauvres). Sur le sujet des gouvernements infranationaux, on fait toujours pression, mais d’autres pays ont des idées différentes.»

Or Catherine McKenna a associé l’atteinte des cibles canadiennes de réduction des émissions, ainsi que l’objectif du Canada de limiter la hausse moyenne des températures à 1,5 degré Celsius dans l’accord final, à la mise en place en place d’un système de tarification du carbone.

«Il faut un plan, s’assoir avec les provinces, les territoires, et les leaders autochtones, pour voir comment nous allons progresser, et nous mettrons un prix sur le carbone, nous réduirons nos émissions.»

La question de la tarification du carbone, des marchés du carbone, demeure effectivement une «ligne de faille», un point d’achoppement reconnu d’ailleurs par la présidence française dans les pourparlers.

Mme McKenna a dit que le terme était fort, qu’il y avait des zones de convergence et d’autres où du travail reste à faire.

Beaucoup de pays reconnaissent que les marchés doivent jouer un rôle, que ce soit inclus ou non dans les termes de l’entente, mais il y a une volonté d’inclure certains principes inhérents dans l’éventuel accord, tels qu’une comptabilisation appropriée des émissions, le soutien du développement durable, l’intégrité environnementale, la mise en place d’un mécanisme centralisé pour des pays pauvres, a énuméré la ministre, qui disait alors parler à titre de facilitatrice.

«J’ai constaté des progrès, mais comme vous le savez, il y a des pays qui ont exprimé des réticences pour des raisons davantage idéologiques, nous tentons de composer avec cela.»

La nouvelle ébauche de texte qui circulera jeudi devrait contenir des clarifications, a indiqué la négociatrice en chef du Canada, Louise Métivier, qui était au côté de la ministre.

«On espère qu’il y aura moins de crochets (objections des États dans les ébauches d’accord), les ministres peuvent, à un niveau plus élevé, essayer de résoudre les grands enjeux.»

La reconnaissance du rôle des gouvernements infranationaux et des mécanismes de tarification du carbone étaient aussi des priorités du Québec, mais le premier ministre Philippe Couillard, ne se formalisera pas outre mesure si ces dispositions sont absentes du texte final.

Selon lui, ce ne sera pas un échec pour le Québec, qui a pourtant envoyée une délégation importante à la conférence.

«On va continuer toutes nos initiatives de toute façon. Il y a des pays qui s’objectent pour des raisons de politique intérieure. Ce n’est pas simple.»

Louise Métivier partage son opinion. La mention des gouvernements infranationaux n’est pas essentielle, mais il faut cependant des règles communes.

«Ce qu’on veut, c’est la reconnaissance des marchés et un plan de travail robuste qui va suivre, pour s’assurer de l’intégrité de ces marchés, quand il y aura des échanges au niveau international, donc avoir des règles auxquelles les gens adhéreront, en vue de garantir l’intégrité environnementale et s’assurer de ne pas compter les réductions des émissions en double.»

Le Canada milite aussi pour l’ajout des droits des autochtones dans la version finale du projet d’entente, a assuré la ministre, qui dit en avoir parlé à un déjeuner jeudi matin avec des premiers ministres des provinces et territoires.

Philippe Couillard, ainsi que Brian Gallant, du Nouveau-Brunswick, Greg Selinger, du Manitoba, Wade MacLaughlan, de l’Île-du-Prince-Édouard, Darrell Palowski, du Yukon, et Peter Taptuna, du Nunavut, ont d’ailleurs participé à un atelier avec la ministre fédérale en matinée à la COP21.

La ministre de l’Environnement de l’Alberta, Shannon Phillips, a aussi fait une apparition à la COP21. L’Alberta, longtemps perçue comme un mouton noir en matière d’environnement même à l’étranger, en raison de l’exploitation des sables bitumineux, a refait son image, a assuré Mme Phillips.

«Nous avons tourné la page, a-t-elle déclaré dans un point de presse. Nous sommes reçus positivement. Nous avons démontré qu’il est possible d’avoir des échanges rationnels avec des producteurs d’énergie.»

Elle estime que le modèle de tarification du carbone permettra de réduire les émissions. La cible du 1,5 degré Celsius maintenant endossée par le Canada ne devrait donc pas comporter de conséquences néfastes pour la province, a-t-elle dit.

Mme Phillips a même défendu le plafonnement par son gouvernement des émissions de l’industrie pétrolière à 100 mégatonnes par an, soit 30 de plus que les émissions annuelles actuelles, ce qui permettrait donc de polluer davantage.

«C’est un niveau approprié pour une industrie pétrolière qui est la locomotive du reste de l’économie canadienne», a-t-elle justifié.

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