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Couillard est déterminé à contrer le programme d’exploration à Anticosti

Quebec Premier Philippe Couillard speaks at a news conference at the end of a pre-session caucus, Friday, February 5, 2016 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: THE CANADIAN PRESS

Le premier ministre Philippe Couillard a enfoncé un nouveau clou dans le projet d’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti, vendredi, malgré des informations indiquant que les libéraux étaient au pouvoir quand l’implication du gouvernement du Québec était discutée.

M. Couillard a déclaré vendredi qu’il fera tout pour empêcher la prochaine étape prévue au programme d’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti.

Après avoir affirmé en décembre dernier son opposition au développement des hydrocarbures sur cette île du golfe Saint-Laurent, M. Couillard a affiché sa détermination à contrer le programme d’exploration en cours, auquel le gouvernement est associé.

Dans une conférence de presse clôturant un caucus de deux jours avec ses députés, en prévision de la rentrée parlementaire mardi prochain, M. Couillard a montré très peu d’ouverture à l’émission d’autorisations réglementaires pour la prochaine étape du projet.

“La porte n’est même pas un peu entrebâillée, elle est minime, a-t-il dit. Puis je voudrais, moi, tout faire pour éviter de soumettre un milieu insulaire comme Anticosti à la fracturation hydraulique.”

La coentreprise dont Québec est partenaire, Hydrocarbures Anticosti, prévoit de sonder cette année le gisement de pétrole de schiste grâce à trois forages avec fracturation hydraulique, une méthode controversée qui nécessite l’injection de produits chimiques dans le sous-sol.

M. Couillard a affirmé que des données sont attendues pour évaluer si Québec doit émettre les certificats d’autorisation au projet.

“Le coefficient de difficulté pour passer à cette étape est extrêmement élevé et dépendra en grande partie du résultat des études hydrologiques qui vont être bientôt données au gouvernement et qui seront publiées”, a-t-il dit.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a également esquissé des perspectives limitées pour la production sur l’île, en raison des engagements du Québec à réduire les gaz à effets de serre.

“L’accroissement de la production se produirait en 2040 alors qu’en 2050 on doit réduire nos gaz à effet de serre de 80 pour cent, a-t-il dit. Est-ce que vous pensez que ça peut avoir beaucoup de sens?”

Le président-directeur général de Pétrolia, Alexandre Gagnon, dont l’entreprise est partenaire du projet, a affirmé que l’échéancier prévu est toujours en vigueur.

“Nous restons concentrés sur les prochaines étapes dûment prévues aux ententes qui ont été signées de bonne foi entre les parties”, a-t-il écrit dans un courriel.

Alors que les libéraux se sont dissociés vendredi des pourparlers qui ont mené à la création par les péquistes d’Hydrocarbures Anticosti, M. Gagnon a maintenu que les discussions ont commencé quand les libéraux étaient au pouvoir.

“Contrairement aux propos de M. Arcand d’aujourd’hui, les informations à l’effet que les négociations ont débuté sous un gouvernement libéral sont rigoureusement exactes”, a-t-il indiqué.

Plus tôt, M. Arcand avait déchargé les libéraux de toute responsabilité dans l’exploration pétrolière sur Anticosti.

M. Arcand a attribué à Investissement Québec, alors sous la responsabilité de son collègue Jacques Daoust, l’initiative des discussions, en 2012, qui ont mené à un engagement financier conclu par le gouvernement péquiste en 2014.

En décembre dernier, alors que M. Couillard s’était dissocié pour la première fois du projet, Pétrolia avait diffusé un communiqué évoquant une initiative libérale en 2012.

Vendredi, dans un point de presse, M. Arcand a déclaré que les libéraux n’étaient pas politiquement responsables de cette décision d’amorcer les discussions.

“On n’a jamais discuté de ça au conseil des ministres, alors il n’a jamais été question de ça, a-t-il expliqué. Il y a eu des discussions au niveau d’Investissement Québec mais pas au niveau politique comme tel.”

Selon M. Arcand, “les éléments politiques sont arrivés sous la gouverne du Parti québécois”.

Dans un échange avec la presse parlementaire, M. Arcand a concédé qu’en 2012, Investissement Québec était sous la direction de M. Daoust, maintenant ministre des Transports.

“C’était M. Daoust à ce moment-là”, a-t-il dit.

De 2006 à 2013, M. Daoust a été président-directeur général d’Investissement Québec, une société d’État dont le mandat est le développement économique.

Vendredi, Le Journal de Québec a rapporté qu’un engagement pour l’achat d’actions de trois entreprises présentes sur Anticosti avait été conclu cinq jours avant l’élection du gouvernement péquiste de Pauline Marois, alors que les libéraux étaient encore au pouvoir.

Dans une lettre d’entente datée du 29 août 2012, deux vice-présidents de Ressources Québec, filiale d’Investissement Québec, proposaient d’acquérir des actions de Pétrolia, Maurel & Prom et Corridor Ressources pour explorer le sous-sol d’Anticosti, un partenariat de 70 millions $.

Bien que le décret de création de Ressources Québec prévoit que trois ministères soient avisés des investissements de Ressources Québec, M. Couillard ne s’est pas inquiété, vendredi, que la filiale ait apparemment procédé sans consulter le gouvernement.

“Je n’étais pas là et je ne peux pas vous répondre à ça”, a-t-il dit.

Une porte-parole d’Investissement Québec, Chantal Corbeil, a confirmé l’existence de la lettre d’intention, sans cependant pouvoir préciser si le gouvernement était au courant du projet d’association.

“Les discussions avec Pétrolia ont débuté en 2012 et l’entente a été ratifiée en 2014 (lettre signée en 2012 n’a jamais été en vigueur, car beaucoup de modifications ont suivi par la suite dont la structure de la société en commandite)”, a-t-elle écrit dans un courriel.

En février 2014, Mme Marois a annoncé deux ententes avec ces entreprises pour un investissement à terme de 115 millions $ dans l’exploration d’Anticosti.

Ressources Québec devait injecter 56,6 millions $ dans une coentreprise dont les partenaires sont Pétrolia, Corridor Resources et Maurel & Prom, avec qui la phase de forages stratigraphiques a été effectuée.

L’accord prévoyait également que Ressources Québec verse 13,3 millions $ à Corridor pour une participation additionnelle dans la coentreprise.

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