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Le taxi, Uber et le cocktail transport

Photo: Archives Métro

Je n’ai pas de voiture, j’ai trois enfants et je dois régulièrement voyager pour Équiterre. Je suis un grand utilisateur du taxi. Qui plus est, depuis 15 ans, Équiterre fait la promotion du taxi dans le cadre de ses campagnes sur le cocktail transport, une façon de se déplacer sans être propriétaire d’une voiture.

Le cocktail transport a fait du chemin en dépit du fait que les transports en commun soient bondés, que les infrastructures pour vélo soient déficientes et que la qualité des services comme les taxis se détériore.

Soyons clairs, je suis un ami du taxi et je suis un ennemi des entreprises qui contournent les lois. Mais parfois, les amis doivent se dire la vérité en face et, parfois, les lois doivent être modernisées.

Aujourd’hui, force est de constater que l’industrie du taxi a besoin d’un bon coup de balai. Est-ce la faute des chauffeurs de taxi? Pas du tout. C’est la faute du gouvernement qui a sur-règlementé ce secteur et qui limite l’accès à cette profession. Cela fait des décennies que le gouvernement n’a pas émis de nouveaux permis de taxi à Montréal. Résultat: sans concurrence, l’industrie ne voit pas l’intérêt d’évoluer. D’autant plus que le service offert est encadré de façon exagérée: le territoire que le chauffeur peut desservir, le tarif qu’il doit charger, la grosseur de la voiture qu’il doit acheter, etc.

À la fin d’une course de taxi, vous a-t-on déjà dit que l’appareil de paiement par carte de crédit ne fonctionnait pas? Combien de fois, ai-je dû endurer les gros yeux et les soupirs d’un chauffeur qui acceptait à contre cœur (à cause des frais qu’on lui charge) que je lui donne autre chose que de l’argent comptant! Et après, de se plaindre qu’il n’a pas de change pour mon billet de 20$…

Je ne suis pas un fervent défenseur du libre marché à tout prix (et il semble, finalement, que le Parti libéral ne le soit que lorsque cela fait son affaire!). À mon avis, l’État doit jouer son rôle d’arbitre dans la plupart des industries. Mais dans le cas des taxis, l’État est devenu une mère couveuse! Un minimum de concurrence est nécessaire pour générer une meilleure qualité de service et pourquoi pas, de meilleurs prix.

Je sais, vous pensez à Téo Taxi. J’adore cette entreprise, des voitures électriques et propres ainsi que des chauffeurs courtois et des paiements via application. Enfin! Le problème c’est que Téo est l’exception qui confirme la règle. Sur 4500 taxis à Montréal, ils n’en ont que 50. Si Téo voulait effectuer une réelle expansion, cela leur coûterait les yeux de la tête puisque le nombre restreint des permis de taxi crée une valeur artificiellement élevée sur le marché secondaire: 200 000$ par voiture! Il faut en faire des courses à 10$ pour rembourser un tel investissement!

Il n’est donc pas surprenant que des milliers de personnes soient prêtes à contourner ces lois archaïques pour utiliser des services comme Uber. De son combat avec l’industrie du taxi, Uber est ressorti plutôt amoché. Le débat a porté essentiellement sur le fait qu’étant une entreprise américaine, Uber ne payait pas de taxes au Québec. Difficile de contrer cet argument!

Uber ayant perdu le débat de l’opinion publique, le gouvernement du Québec croit maintenant qu’il est justifié d’adopter la loi 100 qui, plutôt que de moderniser la règlementation des taxis, va renforcer le statu quo!

Le ministre des Transports, Jacques Daoust, a oublié qu’il est aussi le ministre de la Mobilité durable. Il semble aussi penser qu’aucune entreprise ne pourra développer un logiciel comme celui d’Uber ET être un citoyen responsable qui paie ses taxes. Que fera-t-il le jour où une entreprise québécoise décidera d’offrir le même service ou un meilleur service? Que fera-t-il dans 4 ou 5 ans lorsqu’une entreprise offrira un service de taxi avec véhicules autonomes?

On pourrait penser que l’industrie du taxi a gagné, mais la réalité est toute autre. À moyen terme, les chauffeurs de taxis seront perdants. En 2016, une industrie sclérosée n’a aucune chance de survivre.

Le gouvernement vient de manquer une belle occasion d’améliorer les services pour les centaines de milliers de familles qui ont fait le choix de réduire leur utilisation de la voiture solo et qui ont opté pour un cocktail de services de transport, incluant des taxis.

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