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Couillard accuse la culture administrative du MTQ

Quebec Premier Philippe Couillard defends his Transport Minister Jacques Daoust as he responds to the Opposition on the Rona deal, Friday, June 3, 2016 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: Archives Métro
Alexandre Robillard - La Presse Canadienne

QUÉBEC – La classe politique n’est pas responsable du problème de culture au ministère des Transports du Québec (MTQ), a déclaré jeudi le premier ministre Philippe Couillard.

Au lendemain de deux témoignages fracassants sur le MTQ, M. Couillard a annoncé un processus de réorganisation au sein du ministère, qui distribue des milliards de dollars de contrats chaque année.

Dans une mêlée de presse, M. Couillard a affirmé que toute la responsabilité de cette situation pèse sur l’appareil administratif du MTQ.

«Le problème n’est pas ici la relation du politique avec l’administratif, a-t-il dit. Le problème est une culture dans l’appareil administratif, qui est profonde, d’après moi qu’on peut faire remonter même avant, il y a 15 ou 20 ans. Moi je croise des gens qui ont travaillé à ce ministère il y a plusieurs années et qui me disent: ‘C’était pas mal comme ça dans mon temps et on parle d’une période qui remonte à plusieurs décennies’.»

M. Couillard a soutenu que la controverse suscitée par les allégations de l’ex-ministre des Transports Robert Poëti, et les révélations qui ont suivi depuis mai dernier, montrent que le problème n’est jamais apparu aussi clairement.

«Il y a de toute évidence au ministère des Transports depuis plusieurs années, et c’est apparent maintenant clairement, un problème profond de culture dans l’administration publique», a-t-il dit.

Le nouveau sous-ministre Denis Marsolais, nommé le mois dernier après les premières révélations de M. Poëti, sera chargé de faire un ménage au MTQ, a indiqué M. Couillard.

«Il faut qu’il fasse l’évaluation de tout le personnel, de la fonction publique, du ministère, à tous les étages, incluant dans les représentations régionales et il faut le faire de façon méthodique, a-t-il dit. Ce qu’il faut se garder, c’est de déclencher une réaction de panique.»

Une analyste contractuelle, Annie Trudel, et une ancienne directrice de la vérification interne, Louise Boily, ont fait le récit, mercredi, des obstacles dressés devant elles par l’administration du MTQ, au cours des dernières années, pour empêcher les constats d’irrégularités.

Lors d’une conférence de presse qui a suivi jeudi après-midi, M. Couillard a affirmé qu’il prend leurs allégations d’intimidation, d’obstruction et de falsification au sérieux.

«On a entendu parler d’intimidation, de documents modifiés, on a surtout entendu parler d’une culture de la crainte, a-t-il dit. C’est ce que je retiens de ces communications-là. Les gens craignent de se manifester ou d’aller vers l’avant pour rapporter des situations. Entendre cette série d’éléments, c’est préoccupant.»

En mai dernier, au moment où les allégations de M. Poëti, maintenant simple député libéral, ont été publiées dans un reportage, M. Couillard ignorait tout des problèmes du MTQ, malgré des informations portées par l’ex-ministre des Transports au chef de cabinet du premier ministre.

M. Poëti, qui a perdu ses fonctions ministérielles au dernier remaniement de février, a par la suite affirmé qu’il s’attendait à ce que ses préoccupations soient transmises à M. Couillard.

Jeudi, M. Couillard a écarté la possibilité que des informations aient pu volontairement lui être cachées par son entourage ou dans la haute fonction publique.

«Je n’ai pas l’impression que personne a voulu volontairement cacher des choses dans l’entourage ou dans la haute fonction publique, a-t-il dit. Peut-être a-t-on sous-estimé ou mal lu les enjeux. Il ne s’agit pas selon moi d’enjeux spécifiquement administratifs. C’est beaucoup plus large et profond.»

En Chambre, le chef intérimaire péquiste Sylvain Gaudreault a rappelé que l’opposition affirme depuis des semaines que des documents falsifiés du MTQ ont été soumis aux parlementaires.

«Il y a eu des témoignages, mercredi, en commission parlementaire, sous serment, qui nous disent qu’il y a des documents trompeurs qui ont été déposés, a-t-il dit. Ça fait au moins deux semaines qu’on parle de ça ici quasiment à tous les jours. Là, on dirait que c’est aujourd’hui que le premier ministre s’en aperçoit, qu’il allume.»

Le chef caquiste François Legault a demandé la démission du ministre des Transports, Jacques Daoust, ainsi que de M. Marsolais, en plus de réclamer un suivi trimestriel des activités du MTQ en commission parlementaire.

En point de presse, M. Legault a également critiqué la décision du gouvernement de ne pas congédier la prédécesseure de M. Marsolais, Dominique Savoie, qui a été critiquée mercredi par les deux vérificatrices qui ont témoigné devant les députés.

«Je pense qu’on peut dire que le Parti libéral a fait preuve, puis en particulier M. Couillard, d’aveuglement volontaire, de grossière négligence, d’abord, de ne pas avoir pris au sérieux les informations de Robert Poëti sur les problèmes du ministère des Transports, puis ensuite d’avoir nommé Mme Savoie au Conseil exécutif, alors qu’elle ne méritait pas la confiance de Philippe Couillard», a-t-il dit.

M. Couillard s’est défendu d’accorder un traitement de faveur à Mme Savoie, en plaidant qu’il ne fait que respecter les règles pour les hauts fonctionnaires mis en disponibilité.

La porte-parole péquiste en matière de transports, Martine Ouellet, a elle aussi jugé que M. Daoust n’a plus sa place aux Transports.

«M. Daoust a démontré qu’il n’avait pas la capacité de répondre à ce genre de problème-là, est indifférent par rapport à ce qui se fait, ne cherche même pas la vérité, il est clairement du côté des sous-ministres et des chefs de cabinet», a-t-elle dit.

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