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La piqûre de rappel

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Photo: Getty Images/iStockphoto

Les véganes, même sans dire un mot, donnent «une piqûre de rappel», pour reprendre l’expression du philosophe Martin Gibert dans Voir son steak comme un animal mort. Il est plus simple de ne pas penser à la façon dont un morceau de steak ou de poulet a atterri dans notre assiette; on voudrait se régaler sans que des considérations morales viennent entraver ce moment de plaisir gustatif.

La semaine dernière, Mathieu Bock-Côté et Christian Rioux ont publié des chroniques dans lesquelles le véganisme est tourné en ridicule. Leurs argumentaires font appel à une idée régulièrement colportée qui assimile le véganisme à du fanatisme religieux et à de l’extrémisme. Ces deux penseurs conservateurs seraient peut-être surpris (ou contents) d’apprendre que les discours discréditant ceux qui ne mangent pas de viande existent depuis l’Antiquité grecque…

Qui dit fanatisme dit irrationalité. C’est comme ça qu’on voudrait présenter les véganes. Pourtant, on peut aisément plaider le contraire: choisir d’adopter un mode de vie qui exclut, dans la mesure du possible, ce qui dérive de l’exploitation animale est parfaitement raisonnable. On sait par exemple que les industries de la viande sont polluantes et que les conditions y sont horribles, tant pour les animaux que pour les humains qui y travaillent.

Une autre idée martelée à l’encontre du véganisme est que les repas carnés relèvent de la tradition. Comme si les traditions étaient intouchables et qu’il était toujours souhaitable de les perpétuer. L’évolution des sociétés vient pourtant avec des remises en question. Dans le cas de la viande, peut-on faire abstraction des excès qui caractérisent les capacités productives de l’industrie moderne ou des effets sur l’environnement à l’heure des changements climatiques?

Les gens reconnaissent aujourd’hui que les souffrances infligées aux animaux n’ont pas lieu d’être. Il est difficile de ne pas être consterné face aux images captées dans les abattoirs et les industries laitières, les laboratoires scientifiques et cosmétiques, les fermes à fourrure, ou encore, face au triste état des animaux en captivité dans les industries du divertissement. On juge de plus en plus aberrant un système qui réduit les animaux à de simples marchandises.

Pourquoi alors ridiculiser ceux qui choisissent d’adopter un mode de vie végane? La lucidité et l’empathie seraient-elles des défauts?

Encore une fois, ce n’est ni étonnant ni nouveau, les idées qui bousculent l’ordre établi rencontrent à coup sûr les tentatives de décrédibilisation et le mépris des défenseurs du statu quo. Et si ces derniers vilipendent les valeurs que promeut le véganisme, c’est parce qu’ils sont forcés d’admettre qu’elles deviennent de plus en plus fortes et incontournables.

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