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Excursion dans ma messagerie

maladie mort

La messagerie filtrée de Facebook est cette obscure section où se retrouvent les messages détectés comme étant indésirables.

Dans la mienne, il y a…Des hommes des quatre coins du monde qui veulent m’épouser. Ils m’annoncent être amoureux, envoient des gifs de fleurs et de cœurs. D’autres, plus directs, disent vouloir unir leur destinée à la mienne afin d’immigrer au Canada.

Des personnes d’ici, des Québécois.es comme moi, qui veulent que je retourne dans «mon pays». Les plus attentionnées proposent de payer le billet d’avion.

D’autres étayent un argumentaire en 26 paragraphes, citations coraniques et vidéos à l’appui, pour me révéler la face cachée de l’islam.

Après, il ne tient qu’à moi de m’émanciper ou de rester dans les ténèbres.

Des insultes. Des insultes par centaines. Des plus drôles aux plus dégradantes.

Des photos répugnantes et des vulgarités de tout genre – provenant toujours d’hommes.

Des gens qui exigent que je réponde à leurs interrogations existentielles: «Pourquoi portez-vous le voile alors que vous êtes maquillée? C’est un manque de pudeur!»

Des sollicitations de tout genre – pour participer à des projets louches, partager des articles tout aussi louches, corriger des travaux, faire des recommandations touristiques montréalaises, et je ne sais quoi encore.

Des gars fiers du débat virtuel qu’ils viennent de livrer au sujet de l’immigration ou du voile. En défendant une position qui serait aussi la mienne, ils souhaitent manifestement des félicitations.

Ma messagerie filtrée est une véritable jungle.

Je suis ébahie par la capacité qu’ont ces quidams à entrer en contact avec moi, à tout moment, pour me déballer des impertinences.

Avec un profil public, où les réseaux sociaux et la messagerie me sont nécessaires, je n’ai pas trouvé de solution optimale, même si le filtrage sur Messenger s’améliore.

Parfois, je tente quand même une excursion pour observer le phénomène, les humains, et la gent masculine en particulier. L’écrasante majorité des messages proviennent de ce groupe et ce n’est pas dû au hasard. J’observe par exemple les messages reçus à la suite d’une publication sur ma page. Ils varient en quantité et en virulence selon la nature de la publication.

À force de recevoir une quantité monstre de messages d’inconnus depuis des années, plus rien ne me surprend, et très peu m’affectent.

Le cyberharcèlement, le racisme et le sexisme en ligne ont contribué à me forger une carapace. Une carapace quelque peu désabusée.

C’est donc une sorte de conditionnement morbide qui rend apte à naviguer dans l’univers virtuel sans y laisser sa peau.

Et ces visites en terrain miné révèlent toujours la même chose: ces messages, des demandes en mariage aux insultes racistes, indiquent une fois de plus que les femmes dans tous les espaces, dont les espaces virtuels, sont à traquer.

Elles peuvent être dérangées ou harcelées à souhait. Peu importe le pays et les codes de communication, l’envahissement semble être un langage universel que parlent beaucoup d’hommes.

Un break, ou idéalement la sainte paix, ne serait pas de refus.

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