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Parler politique

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À l’approche des Fêtes, on entend souvent dire qu’il vaut mieux éviter les discussions politiques lors des soupers de famille. Mais si vous êtes des mordus de la chose ou êtes engagé dans une cause qui vous tient à cœur, ce conseil sera peut-être difficile à appliquer. Chassez le naturel, il revient au galop!

Ces moments peuvent être tendus, voire explosifs, parce que nos positions politiques ne sont pas de simples abstractions, elles ne se limitent pas au monde des idées. Bien au contraire, nos idéaux politiques parlent plutôt d’une manière d’être au monde. 

Elles parlent de nous. 

Pour la même raison, c’est décevant, parfois choquant et blessant, de constater qu’une personne de notre entourage se situe à l’autre extrémité du spectre politique, qu’elle a des opinions qui nous font dresser les cheveux sur la tête. 

Aujourd’hui, cette réalité est transposée sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnes m’ont dit avoir retiré des membres de leur famille de leurs espaces virtuels en raison d’articles et de propos partagés, allant de la négation du réchauffement climatique jusqu’à la défense du mur de Donald Trump à la frontière mexicaine. 

Au Québec, sur les «enjeux identitaires» précisément, beaucoup ont vécu dans les dernières années de vrais déchirements familiaux. 

Il va sans dire que le premier lieu des affrontements politiques est la famille. 

Est-ce qu’un tel constat pourrait plaider en faveur d’une meilleure acceptation des divergences en société? Si au sein d’une même famille, les désaccords sont à ce point courants et inévitables, c’est qu’ils sont aussi inévitables en société. C’est peine perdue d’essayer d’épurer, d’aseptiser, d’éliminer les différends – ou les différences. 

Un exemple facile: à ceux qui répètent que le port du voile est une aberration (eh oui, encore ça!), je réponds qu’ils peuvent tout à fait le penser sans toutefois chercher à restreindre les droits de celles qui le portent (hashtag loi 21). 

Autrement dit, accepter, dans une société, de vivre en présence de ce qui nous rend inconfortable. Sans nécessairement approuver. Envisager même cet inconfort comme quelque chose de potentiellement intéressant.  

Autrement dit, accepter, dans une société, de vivre en présence de ce qui nous rend inconfortable. Sans nécessairement approuver. Envisager même cet inconfort comme quelque chose de potentiellement intéressant.

Ce n’est pas une recette infaillible à appliquer partout et tout le temps. Car le politique, c’est matériel, c’est des conséquences réelles. Et il n’y a pas grand-chose d’intéressant à retirer du propos de ce désormais célèbre mononcle de party de Noël qui nous postillonne au visage que les Arabes devraient retourner en Arabie, ou de ce passéiste religieux qui martèle que les femmes doivent retourner aux fourneaux. 

Mais entre le mépris total d’autrui et le refus total de la divergence, il y a autre chose. Il y a une confrontation saine qui existe. Il y a un espace dans lequel côtoyer la différence, et même l’extrême différence, s’avère épanouissant. Là, la pensée peut se déployer comme jamais. 

Alors, si on en a envie et que le cadre s’y prête: parlons politique à Noël.

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