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La conscience sociale du Parlement

On s’y attendait, évidemment. En affirmant en décembre dernier réfléchir à son avenir politique, les jeux étaient faits. Vous en connaissez, vous, des chefs de parti qui laissent planer des doutes quant à leur départ prochain? Alors c’est ça. Françoise David confirme, en date d’aujourd’hui, quitter simultanément ses fonctions de parlementaire et de leader de Québec solidaire.

Bien qu’anticipé, ce départ modifie de manière considérable la carte du menu politique actuel. Pour plusieurs raisons.

Première question: qui saura prendre en charge ce parti qui, bien que fort sympathique, possède actuellement des appuis rendant aujourd’hui illusoire la possibilité d’une prise de pouvoir à court ou moyen terme? Quelles seront, par exemple, les approches idéologiques de ce nouveau leader? Québec solidaire, on le sait, sort tout droit du milieu communautaire lequel est, par définition, marginal.

Une espèce de gauche ultra-sociale, trop peu portée sur les questions économiques. Ceci, sauf erreur, contribue justement à confiner le parti au rôle de chien de garde parlementaire. Rien de mal à ça, bien entendu, mais difficile d’espérer davantage sans un discours économique plus étoffé. Idem pour des candidats jouissant d’un profil à cet effet, d’ailleurs.

Gabriel Nadeau-Dubois?
Le nom de Gabriel Nadeau-Dubois circule. Je lui ai posé la question, directement, en novembre dernier: «Serais-tu intéressé par le leadership de QS? ». Sa réponse, alambiquée: «Faut voir. Pas sûr. Peut-être. Peut-être pas. Une chose est certaine: si j’y vais, ce serait en gang, pas seul.»

Et il serait bon, GND, à la tête du parti de Françoise? Pas mal convaincu que oui. Très, même. Un peu jeune, bien entendu, mais un jeune qui a (déjà) vu neiger. Tête solide, bon leader. Voilà qui pourrait rafraîchir un brin le discours du parti. Surtout si Nadeau-Dubois réussit à traîner avec lui quelconque candidat au curriculum économique éprouvé.

Deuxième question: quels impacts sur la convergence souverainiste? Ici encore, tout dépendra du prochain chef, à mon sens. Son défi? Faire confiance à Jean-François Lisée. Grosse profession de foi, surtout lorsqu’on considère que le chef péquiste se réveille la nuit -les journées étant trop courtes- pour trouver de nouveaux pièges stratégiques dans lesquels faire planter ses adversaires ou alliés circonstanciels. Et au diable les convictions. Tout le contraire du QS que l’on connait, en fait. Prédiction? La convergence des forces souverainistes se réalisera le jour du retour simultané des Expos et Nordiques. En bref, ne retenez pas votre souffle. Pas trop longtemps, du moins (l’asphyxie étant une cause importante de décès).

Troisième question, soit la plus importante: qu’adviendra-t-il de la gauche québécoise? Déjà marginale, nul doute que le départ de David aura un effet de scie mécanique sur le peu qu’il reste. Notamment à l’Assemblée nationale. Qui, demain matin, prendra la défense des assistés sociaux, des chômeurs, des étudiants, des transexuels, des gais et lesbiennes, des sans-abris et autres gagne-petits? Qui assurera, au-delà des beaux discours vides de sens, l’avancement de la cause féminisme? Qui, simultanément, luttera contre l’islamophobie et le racisme systémique? Franchement, je ne vois pas. Parce que Françoise, quasi à elle seule, incarnait ce refus de l’oppression en tout genre. Une dissidente rassembleuse, en quelque sorte. Chose rare. Une combattante respectée, certes, mais aussi appréciée. Chose encore plus rare.

Avec son départ s’éteint, partiellement, la conscience sociale du Parlement.

Merci, madame David!

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