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Ce qui reste du printemps 2012

Manifestations
La manifestation du 22 mars 2012 à Montréal Photo: Archives Métro

Cinq ans, maintenant, depuis les événements de 2012. Certains qualifient cette période, avec un air politico-romantique, de «printemps érable». Les autres, avec amertume ou dédain, de «crise étudiante». Pas difficile de savoir à quelle enseigne logeaient les uns et les autres, évidemment.

Peut-être à l’instar de plusieurs, ma surprise a été plutôt grande de constater que ces événements, pourtant si près, appartiennent pratiquement déjà à une autre époque. Mes étudiant(e)s les plus jeunes étaient, au moment de ceux-ci, en première ou en deuxième secondaire. Ont-ils été imbibés de ce vent contestataire? Pas convaincu. La question est en fait injuste, voire inique. Je reformule : qui, au Québec, est encore inspiré par le mouvement?

Très peu de gens, avouons-le. Un peu comme si les épisodes du printemps 2012 avaient siphonné l’ensemble des énergies pouvant être consacrées à la contestation sociale.

Sitôt élue, la nouvelle première ministre Marois, celle-là même qui allait jouer de la casserole dans les rues, impose une mesure similaire à celle de Charest, hautement décriée. Bonnet blanc, blanc bonnet. Les manifs qui s’ensuivirent? On les attend encore.

Idem pour le projet de Charte des valeurs, bulldozer du tissu social, auquel bon nombre de jeunes du printemps étaient pourtant opposés. Il était où, le mouvement de contestation? Sauf (rares) exceptions, dans son salon. En pantoufles. Avec du pop-corn.

La question demeure, a fortiori, quant aux coupes massives du gouvernement libéral: santé, éducation, assistance sociale, personnes âgées, et j’en passe. Tout ça dans une apathie quasitotale. Les mesures Charest faisaient pourtant figure, à côté de ça, de p’tite bière.

C’est ainsi qu’aujourd’hui trois partis de centre droit, sinon de droite ponctuelle, possèdent la presque-entièreté des sièges de l’Assemblée nationale. Et rien ne laisse présager un quelconque changement prochain.

Rien? Hum. Sauf peut-être ceci: l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois à la tête de Québec solidaire. Pas pour prendre prochainement les guides d’un gouvernement, mais pour éventuellement remplacer le PQ comme parti traditionnel. Pensons feu Union nationale.

Je suis sérieux. Simultanément détesté par les uns et adulé par les autres, le prochain député de Gouin risque d’insuffler un vent nouveau à une gauche manifestement sclérosée.

Pour maintes raisons, et principalement celle-ci : au contraire d’autres leaders de l’époque, GND n’a jamais vendu ses convictions. Facile d’observer la dichotomie entre celui-ci et un Bureau-Blouin, par exemple. Angélique poster boy du mouvement, ce dernier n’a pas perdu de temps avant de se lancer dans l’arène partisane et à défendre, sans remords, les mesures du gouvernement Marois. GND? Il continuait, pour sa part, à faire valoir ses positions sur les chaînes médiatiques.

Appellons ça des convictions. Coûteuses à court terme, elles paient, d’ordinaire, sur le long terme. Parce qu’elles sont synonymes de respect. Le «bullshit-o-mètre» des électeurs est, surprise, plus efficace qu’entendu.

Et à cet effet, disons que le Québec ne regorge pas de jeunes progressistes aux idées sincères et désintéressées. Que sont devenus, au fait, les orphelins politiques?

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