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Julie Payette, représentante de relique

Prime Minister Justin Trudeau looks on as former astronaut, and Governor General designate, Julie Payette,talks to reporters, on Parliament Hill, in Ottawa, Thursday July 13, 2017. Prime Minister Justin Trudeau is refusing to say what he knew, and when he knew it, about a dismissed, non-felony charge against his choice for Governor General. THE CANADIAN PRESS/Fred Chartrand Photo: Fred Chartrand | La Presse canadienne

Sais pas trop pour vous, mais la nomination de Julie Payette m’appert pleine de sens: femme, francophone, scientifique, populaire. Et d’un point de vue identitaire, on parle probablement ici, par surcroît, d’une Québécoise qui se définit davantage comme Canadienne. Assez rare, disons. Pour Justin, le jackpot. Et si la présomption d’innocence existe encore dans ce bas pays, foutez-nous la paix avec les accusations de voies de fait. Celles-ci ont été retirées par la Couronne depuis. Alors, fin de la discussion (et du mémérage assassin).

Reste néanmoins que tout le blabla entourant ladite nomination a ramené, en ce qui me concerne, une certitude : faudra bien un jour se débarrasser de cette relique que constitue, en somme, l’institution monarchique en sol canadien.

D’aucuns pensent, dans un premier temps, au fric. Vrai que le budget global consacré à l’institution dépasse maintenant les 20M$ annuellement. S’ajoutent à cela, par la force des choses, les budgets propres aux postes des lieutenants-gouverneurs provinciaux. N’oublions pas, bien entendu, les récents scandales découlant de l’utilisation des fonds publics par ces mêmes représentants de la reine. De la rénovation d’appartements déjà luxueux à la condamnation pour fraude et cie de Lise Thibault. De quoi heurter, à juste titre, l’opinion publique. Cela dit, ces sommes (détournées ou non) demeurent, quand on y réfléchit, de simples gouttes d’eau dans l’océan budgétaire canadien.

Deux trucs ont davantage d’importance.

D’abord, le symbole. On parle en l’espèce de la représentante de la reine d’Angleterre. À l’époque coloniale et post-coloniale, d’accord. Mais en 2017? Bien que certains Canadiens semblent encore s’amouracher du symbole (pensons à la stratégie Harper de mousser l’affection monarchiste), la quasi-totalité des Québécois francophones demeurent, et c’est un euphémisme, stoïques face à celui-ci. Comment pourrait-il en être autrement? Se prosterner devant la couronne d’un empire étranger ayant, factuellement parlant, interféré dans notre héritage francophone et culturel? Aux antipodes de la conception même de fédéralisme. Et pour l’effet rassembleur, on repassera.

Ensuite, le déficit démocratique que traîne, tel un éternel boulet, l’institution. Non élue, la chef de l’État canadien? Et nommée par… le chef du gouvernement, lequel bénéficie de toute la discrétion du monde à cet effet? Curieux, quand même. Et il y a plus grave: les réels pouvoirs toujours dévolus à la représentante de la reine. Celle-ci demeure notamment, sur papier, la chef des armées et de la diplomatie canadienne. Elle nomme les sénateurs, les juges, les ministres, et détient le pouvoir de dissoudre, ou non, le Parlement. Évidemment, des conventions dites constitutionnelles sont venues pallier ce déficit démocratique en accordant, dans les faits, ces mêmes pouvoirs au premier ministre fédéral (le même concept s’applique à l’échelle provinciale). Sauf qu’entre le texte écrit constitutionnel et la convention, les tribunaux devront favoriser le premier.

Un exemple? D’accord. On me dit, de source sûre, que la gouverneure Jean a informellement envisagé le rapatriement d’un certain Omar Khadr. Interdit, selon la convention, qui défère ce pouvoir au premier ministre, mais permis par… la Loi constitutionnelle de 1867. Je vous laisse imaginer le reste.

@F_Berard

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