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La dérape

Photo: Archives Métro

Je l’ai souvent écrit ici: j’étais de ceux qui présentaient le plus grand enthousiasme quant à l’influence politique des médias sociaux. Ceux-ci, croyais-je, allaient assurer une meilleure démocratisation de l’information et de l’opinion, désacralisant ainsi la chasse gardée des quelques médias traditionnels, lesquels, soyons honnêtes, ne constituent pas systématiquement des modèles d’ébullition intellectuelle. Monsieur X et Madame Y, d’ordinaire privés de porte-voix, pourraient dorénavant contribuer à l’éducation de leurs contemporains en élevant le débat. Mieux, croyais-je encore, cette dynamique aurait pour effet d’amener les partis politiques à considérer, force du nombre oblige, les enjeux mis en avant par cette nouvelle mouvance.

Or, force m’est de constater à quel point je me suis planté. A-YO-YE. Difficile de faire pire, côté pronostic. Impossible, à vrai dire.

Parce que l’histoire des dernières années témoigne plutôt du grand contraire: démagogie et baisse marquée du quotient intellectuel collectif.

Au premier chef, le sympathique phénomène des fausses nouvelles. Ce dernier aurait-il pu exister en l’absence de ces médias sociaux? Pire: ceux-ci ne sont-ils pas, tristement, partie de la cause récente de la chute de l’intellectualisme et de son corollaire, la montée des populismes? Un Trump ou un Ford auraient-ils pu être élus sans ces mêmes médias sociaux, s’ils avaient dû passer par les traditionnels, par définition plus sévères et rigoureux?

Autre résultante directe: la capacité maintenant reconnue de qualifier ses adversaires de manière odieuse, le tout afin de tenter de leur asséner la peine de mort politique. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose, dit la biographe de Voltaire. Un exemple récent? La sortie de Christine St-Pierre et de Marwah Rizqy, dénonçant le sexisme apparent du chef caquiste, François Legault. Pourquoi ça? Parce que le bureau de ce dernier aurait coulé des échanges texto tenus avec Gertrude Bourdon. Sacrée chance que Bourdon ne soit pas une femme noire, bouddhiste et amputée de la jambe gauche. Un cas pour le Comité des droits de l’homme de l’ONU.

S’ajouterait à cela son refus d’appuyer le projet de ligne rose, promesse électorale de la mairesse Plante. Sexiste, donc, le Legault. Ça t’apprendra à être contre le rose, machiste.

Mais pourquoi, dites-moi, une telle sortie de la part de personnes brillantes? Parce qu’on sait, merci toujours à la biographe de Voltaire, qu’il en restera bien quelque chose…

Un truc perso, pour finir. Métro met en ligne une courte vidéo filmée avec ma fille en Israël. Petit topo visant à montrer ses sublimes paysages, ainsi que la volonté de ses populations de vivre en paix, nonobstant l’instrumentalisation du conflit par la géopolitique. Grand bien me fasse, une majorité appréciable semble avoir compris l’idée, laquelle se voulait d’ailleurs porteuse d’espoir. Reste néanmoins que quelques macaques, antifas, BDS et autres entrepreneurs de la «morale», n’allaient certainement pas taire un tel sacrilège. Moi qui me croyais islamo-bolchevique, me voilà maintenant média socialement accusé de corruption financière et intellectuelle, d’être pro-sionniste, pro-Trump, pro-violence, pro-apartheid, le tout financé par Darth Vader, Voldemort et Gargamel.

Belle époque, quand même.

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