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Un gouvernement mondial?

Businesspeople grabbing money Photo: Getty Images/iStockphoto

Je sais, je sais. L’idée, déjà lancée, semble utopique au point d’en avoir l’air parfaitement loufoque. Ne sommes-nous pas à l’ère des Brexit et autres refus d’ensembles supranationaux? À celle du populisme? À celle de la crainte et du refus des migrations? À celle du rejet du multiculturalisme et des paradigmes actuels du vivre-ensemble?

Indéniable. Sauf que ceci: l’humanité en est dorénavant à affronter des défis, voire des obstacles, transcendant indiciblement un ordre conceptuel créé au siècle dernier, dont les preuves d’inefficience constituent, soyons honnêtes, l’éléphant dans la pièce. Et pourquoi ce silence complice et naïf? Notamment parce que l’humanité a cessé de rêver.

Demeure néanmoins la question suivante: l’iniquité fiscale et les dérèglements climatiques, pour seules illustrations, on y fait face comment? Vous voyez quelconques avancées récentes, vous? Serait-ce possible que les régimes actuels interdisent, par leurs structures et leur modus operandi, la mise en place de politiques efficaces et combien impératives?

Parce que oui, l’heure est grave. Au moins, en fait, quant aux deux illustrations susmentionnées. Les iniquités fiscales, d’abord. Vous avez lu le dernier rapport d’Oxfam? Vingt-six milliardaires détiendraient, à eux seuls, pas moins de… la moitié des richesses planétaires. Vingt-six individus versus… 7,6 milliards d’humains. Fair deal. Étonnons-nous ensuite des manifs à la sauce gilets jaunes. Étonnons-nous que certains petits politicailleux sans vergogne, souvent eux-mêmes issus de cette élite financière, profitent du sentiment citoyen de frustration latent afin de proposer un populisme à vomir. Pensons Trump. Qui dit adhésion au contrat social et à ses institutions, dit aussi justice sociale. Un minimum, du moins.

Le lien avec le gouvernement mondial? Assez simple. Les fortunes ci-dessus mentionnées sont causées par quoi, au fait? Principalement par une absence de taxation adéquate des plus riches (pardon pour l’euphémisme). Et qu’est-ce qui empêche les États de procéder à ladite taxation? Le chantage et le marchandage des multinationales (pensons Netflix, Uber et combien d’autres), jumelés à leur capacité de décoller d’un pays jugé insuffisamment laxiste. Toujours selon Oxfam, plus de 7600G$ auraient, l’an dernier, échappé au fisc. Vivement une manière de contrer les échappatoires et le black-mailing fiscaux. Possible que cette lutte puisse s’opérer par des ententes internationales plus sévères liant les pays membres? Pense pas, non. Parce que justement, les grandes puissances ont cette propension à faire fi, sans conséquence autre que symbolique, d’un droit international les embêtant un peu trop.

L’environnement, maintenant. Besoin de rappeler l’ensemble des rapports apocalyptiques des dernières années? Et comment faire face aux enjeux, déjà présents, qui menacent de provoquer plus de 300 millions de réfugiés climatiques d’ici… 30 ans? On conserve la présente formule, même si celle-ci amène les politiciens à jouer les marionnettes de multinationales? À se déclarer progressistes tout en achetant des pipelines? Come on. Question, enfin: qui gérera les flux migratoires, au moment de crises semblables? L’ONU? Re-come on.

Est-ce à plaider la fin des gouvernements nationaux? Non. Ils pourraient fort bien coexister et cohabiter, en forme fédérale, avec le gouvernement mondial, celui-ci obtenant strictement les juridictions afférentes aux enjeux globaux. Je rêve? Mais évidemment. Tout ce qui me reste d’espoir, d’ailleurs.

«You may say / I’m a dreamer / But I’m not the only one…»

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