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Les pesticides, les lobbys et le filet mignon

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La Ville de Montréal interdit le glyphosate sur son territoire Photo: Getty Images/iStockphoto

On apprenait cette semaine qu’un agronome du ministère de l’Agriculture avait été congédié après avoir transmis des informations à propos de l’ingérence du privé dans la recherche publique sur l’utilisation des pesticides à un journaliste de Radio-Canada.

Fier de son coup, le nouveau ministre de l’Agriculture, André Lamontagne déclarait à la suite de cette décision:

«C’est ma décision, alors je suis très à l’aise avec ma décision.»

Plusieurs ont évoqué la possibilité que ce n’était peut-être pas tant que ça sa décision.

Lui-même a déclaré par la suite que ce n’était pas lui qui avait demandé le congédiement le l’agronome.

Aujourd’hui, M. Lamontagne estime plutôt n’être intervenu d’aucune façon dans ce congédiement et s’être trompé «dans le feu de l’action». Une enquête sera ouverte puisque pesticides et feu de l’action forment un mélange explosif.

Reste que la semaine dernière, François Legault a quand même défendu son ministre.

«Ce serait mal le connaître. Ce serait mal me connaître. On n’est pas achetables à la CAQ, je le dis là! Ça va s’appliquer autant pour ces groupes-là que pour les autres.»

Il y a quelques semaines, la vice-première ministre Geneviève Guilbault avait elle-même insisté pour dire que son parti allait gouverner pour le monde «ben ordinaire» et non pas pour les lobbys:

«François Legault l’a dit, on ne gouvernera pas pour les lobbys, ni pour le patronat, ni pour les syndicats. On va gouverner pour les gens, pour cette majorité silencieuse qu’on n’entend jamais nulle part, pour le monde ben ordinaire et pour les banlieusards, chez eux avec deux enfants, qui sont tannés de payer des taxes et des impôts. Ils nous ont portés au pouvoir avec cet espoir qu’on allait faire des choses pour eux.»

Impossible de dire si dans ce cas-ci, le gouvernement a privilégié le monde «ben ordinaire» ou les lobbys extraordinaires.

Reste qu’on peut se poser des questions sur l’influence des lobbys sur nos politiciens. Particulièrement dans le cas des pesticides. En 2015, le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, avait été plutôt candide dans le cas de l’influence de Monsanto:

«Monsanto et les autres de ce genre, […] ils sont encore plus puissants que le gouvernement du Québec.»

Récemment, une étude du think tank britannique Carbon Tracker qui analyse les impacts des changements climatiques sur les marchés financiers a conclu qu’au moins la moitié des 6685 centrales au charbon analysées dans le monde n’étaient pas profitables et qu’elles continuaient d’exister simplement en raison du lobbyisme de l’industrie du charbon qui fait de la pression sur les gouvernements pour qu’ils financent leurs activités.

C’est le bien commun qui en pâtit.

Les exemples de ce genre sont nombreux et nos politiciens ne sont pas toujours méfiants.

En 2014, Pierre Arcand, alors ministre des Ressources naturelles, avait du expliquer pourquoi il avait accepté un repas gratuit de la compagnie Transcanada, au micro de Benoît Dutrizac:

«La vision des politiciens à ce niveau-là, c’est de dire, ben c’est ça de moins que le payeur de taxes va avoir à payer.»

Sauf qu’on ne sait pas ce que peut avoir comme influence sur un politicien un délicieux filet mignon gratuit.

Dans le cas des pesticides, l’enquête de la Protectrice du citoyen nous dira peut-être à quel râtelier mangent nos élus.

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