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Pour en finir avec l’hypocrisie

Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux savent que mes publications soulèvent les passions. Il m’arrive de dire des trucs polarisants, mais je crois que certaines personnes s’emploient à venir commenter pas mal tout ce que je publie dans le simple but de semer la zizanie. Il y a des sujets plus sensibles que d’autres, et le racisme en fait certainement partie. Suffit de prononcer le «r-word» et c’est la bataille des plaines d’Abraham dans la section commentaires.

J’en entends de toutes sortes, puisque le débat se fait rarement dans le respect. Ces temps-ci, j’entends souvent les mêmes aberrations. «La colonisation des Français était moins pire que celle des Anglais» ou bien : «Les Québécois souffrent aussi.» Voilà le discours de certains souverainistes. On ne peut pas nier que le Québec a aussi souffert des politiques canadiennes et de la colonisation anglaise, mais la comparaison est sans commune mesure. Le Québec a encore sa culture, sa langue et ses institutions démocratiques. Au Québec, les Québécois-es ne souffrent pas de discrimination à l’emploi, de discrimination au logement, de racisme ordinaire ou systémique – pour ne nommer que ces quelques maux. Nos territoires, qui constituent les derniers bastions de nos langues et de nos cultures, se font détruire, laissant ainsi les Autochtones avec un mal psychique complexe. Le concept de «solastalgie» a été proposé pour la première fois par le philosophe Glenn Albrecht. En gros, c’est le fait de ne pas se sentir chez soi sur son propre territoire. Nos langues racontent le territoire et notre environnement. Que reste-t-il si ceux-ci sont malades?

Je suis souverainiste, mais pas comme la majorité des autres souverainistes. Je me suis permis de critiquer le mouvement, car celui-ci tente de balayer les questions autochtones sous le tapis le plus clair du temps. Ces critiques m’ont valu le titre de transfuge ou de traître. On dirait que c’est ce qu’on attend toujours de nous. De nous ranger d’un côté ou de l’autre, mais jamais d’être pro-Autochtones. Apparemment, l’autodétermination des peuples, le Canada et le Québec y ont droit, mais pas les Autochtones. Lors du dernier référendum, les Cris se sont vivement opposés au projet et ont tenu leur propre référendum. Le verdict fut clair : 98 % pour le non. Lorsqu’on les a accusés d’être fédéralistes, Matthew Coon-Come a tenu à rappeler qu’ils n’étaient pas du côté du Québec ou du Canada, mais bien du côté des Cris.

Parfois, j’aimerais que le mouvement souverainiste se tourne vers l’avenir, plutôt que d’être nostalgique d’une autre époque. J’aimerais que le mouvement souverainiste entame un vrai dialogue avec les Autochtones et cesse d’idolâtrer le modèle d’une alliance militaire «franco-indienne» qui date de centaines d’années. D’ailleurs, Pontiac n’a pas mené cette vie pour finir tokenisé de la sorte. J’aimerais aussi que le mouvement sente l’urgence de s’asseoir avec les Autochtones, et pas juste pour essayer de garder les ressources qui sont, pour la plupart, sur nos territoires traditionnels. Le Québec doit aussi reconnaître qu’avant d’être colonisé, il a été colonisateur et qu’il l’est encore. La colonisation reste la colonisation.

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