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Raciste ET sexiste

Il n’a fallu que quelques heures pour que les propos racistes de Donald Sterling ne fassent le tour de la planète et captent même l’attention du président des États-Unis. Voilà une belle preuve du consensus selon lequel le racisme n’a sa place ni dans la NBA, ni dans la société en général. Les propos de Donald Sterling sont immondes. Dans un enregistrement capté à son insu, il implore V. Stiviano, son ex-conjointe/dame de compagnie/femme trophée de ne pas se montrer en public avec des Noirs. Ces propos lui ont valu une radiation à vie de la NBA, en plus d’une amende de 2,5 M$.

Je profite de ce moment d’indignation générale pour attirer votre attention sur un aspect moins flagrant des commentaires de M. Sterling : leur sexisme. Je ne crois pas que les propos du propriétaire bientôt déchu des Clippers soient aussi sexistes que racistes, mais faisons d’une pierre deux coups et dénonçons complètement ce vilain personnage.

Lorsque Sterling demande à sa compagne de ne pas se montrer avec des Noirs, elle lui rétorque que lui-même le fait. Il lui répond alors : «Tu es supposée être une délicate fille blanche ou Latina». Cette phrase, dont chaque élément est problématique, implique plusieurs conceptions erronées. Par où commencer? Le plus évidemment, cela implique que le fait de se montrer avec des Noirs contrevient à la délicatesse, ce qui est grossièrement raciste. Cela suppose aussi qu’une fille se doit d’être délicate, ce qui relève d’une conception binaire du genre, des stéréotypes auxquels on doit répondre en fonction du sexe attribué à la naissance. La phrase est également symptomatique d’une vision très patriarcale de la relation homme-femme, selon laquelle l’homme dicte à la femme ce qu’elle est «supposée» non seulement être, mais représenter.

À ce sujet, Sterling précise qu’il n’en a rien à cirer que V. Stiviano couche ou se tienne avec des Noirs, il ne veut pas qu’elle se «montre» publiquement avec eux. Cela implique une notion de représentation dans l’espace public, espace dans lequel la femme doit s’exposer d’une façon qui convienne à l’homme, pour préserver sa réputation et flatter son ego.

Une forme de burqa de principes en quelque sorte. Des principes bidon et racistes auxquels l’homme peut évidemment se soustraire.

Les enregistrements démontrent aussi que Sterling considère V. Stiviano non pas comme un humain, mais comme un bien de consommation, voire une esclave : «Si elle ne fait pas ce que je veux, je ne veux pas de la fille, j’en trouverai une autre qui fera ce que je désire.»

Ces propos sexistes sont graves, mais auraient-ils suffi à bannir à vie le propriétaire des Clippers de la NBA? Je l’ignore. Ne nous réjouissons pas moins que ce racisme ait été vivement dénoncé et puni.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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