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L’éthique selon Éric…

Sylvain Ménard

Si j’ai bien compris l’exposé présenté par Éric Salvail lors de son procès, dans la vie, il y a deux manières de faire: il y a comment ça se passe du côté du pauvre peuple et, dans un second couloir distinct, ce qui est permis dans son monde à lui. Pas plus compliqué que ça. Quand vient le temps de simplifier les affaires, Éric n’a pas d’égal. Il y a les autres et lui. On n’en parle plus, next!

Même si l’équation a de quoi étonner, ce cher Éric n’a pas nécessairement tout faux dans son analyse. Ce qui se fait dans «le» monde est régi par un code moral qui est à son tour encadré par un code légal. Quand tu transgresses le code moral, il y aura toujours un dépositaire du code légal qui pourra, le cas échéant, te descendre une taloche derrière la tête. À l’opposé, quand tu vis dans «ton» monde, tu n’as aucun compte à rendre à qui que ce soit, puisqu’il n’y a rien d’autre que tes pulsions pour t’indiquer là où il faut arrêter. Vous saisissez? Dans sa tête, Éric Salvail flotte au-dessus du commun des mortels, et il n’y aura pas un tribunal au monde pour le faire changer d’idée.

Ébloui par le showbiz au point d’en être aveuglé, Éric Salvail est le digne produit de son milieu, un milieu très souvent complètement déconnecté du bon sens. Un beau milieu où des personnalités au statut irréel disposent d’un ascendant démesuré sur le reste du troupeau.

Le domaine du divertissement foisonne de vedettes qui, un coup rendues en haut de leur pyramide faite de Jell-O, finissent par détenir un pouvoir absolu sur leur entourage. Un entourage qui doit afficher sa disponibilité (ou soumission) sur une base constante, qui doit se plier aux caprices de la «veudette» qui ne pourra jamais tolérer le moindre amendement au programme et qui risque de péter sa coche si ses désirs ne sont pas comblés dans la minute. C’est comme ça que ça se passe dans un milieu où les idoles du moment peuvent envoyer des pigistes sur la paille d’un claquement de doigts.

Détail important : la première chose que tu dois apprendre quand tu veux travailler dans le showbiz, c’est de rire. Rire fort et surtout beaucoup plus fort quand la vedette s’ouvre la trappe. Peu importe le contexte. Que ce soit en studio, en réunion, au restaurant, même si c’est épais, même si c’est méchant, même si c’est toi-même qui es visé par la joke, de grâce, ris à t’en sortir les tripes. Gare à celui ou celle qui ne rira pas assez fort aux grossièretés et aux comportements les plus débiles, il ou elle pourrait le regretter longtemps. Ceux et celles qui ont un jour ou l’autre travaillé avec Éric Salvail savent de quoi il est question. De là le silence si lourd entourant la bibitte depuis toujours.

C’est ce milieu, ce beau milieu des communications que Salvail qualifie de plus «libéral». Libéral comme dans «allégé». Un espace où tout le monde étouffe, sauf lui. Là où son humour, son crisse d’humour, basé sur le malaise (celui des autres, bien sûr), fait office de loi. Peu importe le verdict que le juge rendra éventuellement, on sait déjà une chose : Éric Salvail ne comprendra pas. Ça ne sera pas la première fois.

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Entendu: Chickaboom!, l’album de Tami Neilson. Cette fille-là a tout : la sensibilité de Patsy Cline, le soul d’Amy Winehouse, la puissance de Janis Joplin. Je suis même prêt à gager dès ce moment-ci de l’année que cet album figurera dans le top 10 des meilleurs albums de 2020. Un incontournable. On souhaite la voir sur la grande scène extérieure du Festival de jazz de Montréal. Son party serait trop cool.

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