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Rose-Marie: l’italien à la rescousse!

Assiette de prosciutto
Restaurant Rose-Marie: le nouvel italien de quartier, situé au 1550, rue Fullum, à Montréal. Photo: Maryse Deraîche

Cerné par les édifices gouvernementaux, surgissant miraculeusement au milieu d’un environnement gastronomique aride, le restaurant Rose-Marie est une bénédiction pour les gourmands du coin.

Abrité dans un vieux bâtiment datant de 1883, le restaurant Rose-Marie propose aux résidants du Centre-Sud la cuisine italienne du chef Michael Lemme. Les copropriétaires Marie-Michèle Fecteau (Maison Boulud, Toqué!, Accords), Julien Roy-Sinclair (Chez Sophie, Moleskine) et Julien Comtois (Sinclair, Mount Stephen, Auberge Saint-Gabriel) forment une équipe motivée et compétente, prête à se retrousser les manches pour offrir une cuisine italienne locale et dynamique aux affamés du quartier.

Renaître de ses cendres

Situé dans le défunt Petit Bistro aux allures masculines et sombres, le Rose-Marie s’est refait une beauté en mettant la féminité aux premières loges, tout d’abord par son nom. Qui, d’ailleurs, n’est ni celui de la grand-mère du chef ni celui d’un des propriétaires; il a été choisi après mûre réflexion par l’équipe pour son côté féminin et délicat, mais aussi pour rappeler le mot «romarin» (rosemary en anglais), une herbe de prédilection dans la cuisine italienne. Une jolie branche de romarin orne d’ailleurs les verres du resto.

Quant au mobilier, il revêt un style rétro. De vieilles chaises ont été repérées dans les petites annonces, achetées, puis adroitement revampées. Un énorme buffet en bois massif décore le deuxième étage et fait office de bar. Le rose pastel et les plantes vertes apportent la touche féminine désirée, et l’espace lounge, où trônent de magnifiques fauteuils en vieux cuir rivetés, donne le goût de s’asseoir pour déguster le digestif (et fumer un cigare, mais bon…).

À boire!

Anciennement mixologue au Moleskine, Julien Roy-Sinclair a élaboré la carte des cocktails. Alors que le 5 à 7 est merveilleusement honoré par la présence du négroni blanc et du sour d’hiver, un cocktail composé de gin, de chartreuse verte, d’orange, de romarin, de citron et d’une belle émulsion de blanc d’œuf, on ne peut qu’envisager une suite réussie.

C’est en effet ce qui se produit; la carte des vins est originale, teintée des goûts de sa créatrice Marie-Michèle. On y trouve des nectars italiens, bien sûr, mais aussi une carte à l’image de la jeune équipe. Plusieurs beaux classiques français y figurent, comme La Myotte Rouge, un bourgogne issu d’une très vieille vigne de pinot noir. Plusieurs vins audacieux se sont également taillé une place sur la carte. Le vignoble autrichien Meinklang, par exemple, un domaine biologique et biodynamique dirigé par une jeune vigneronne et son mari, propose des vins jeunes, élevés en cuves inox et béton, sans filtration. Quant au Gruner Libre 2018, une importation privée, il possède une belle effervescence et des notes de pommes vertes à peine mûries. D’une fraîcheur incomparable, ce vin est parfait pour s’essayer à quelque chose de nouveau.

Les Italiens disent que le prosciutto est la dernière viande qu’on voudra manger avant de mourir. Celui du Rose-Marie est certainement à la hauteur de l’adage.

À manger!

La carte du Rose-Marie se divise en quatre services: les bouchées, les petits plats, les plats et les desserts. Les origines abruzzaises et calabraises du chef Lemme se ressentent dans le choix des plats. Le Rose-Marie est jeune et audacieux, tout comme son équipe, mais sa cuisine est authentique. On n’y sert pas une version américanisée de la cuisine italienne. Le chef tente d’intégrer sa vision personnelle de la gastronomie, tout en s’inspirant de la cuisine régionale de sa mère et de sa grand-mère. Il est facile de constater cette double identité en regardant son menu.

Étrangement, l’apothéose du repas s’atteint au début! La ricotta fouettée, que le chef a étalée sur un bout de pain de campagne de La Fabrique Arhoma marqué au gril, puis recouverte d’un filet de miel d’ail fermenté, est incroyable! Douce, légèrement rehaussée d’un zeste de citron et à peine sucrée par le miel (qui est une véritable révélation d’ailleurs)… Bellissima!

Et cela se poursuit au premier service… Le prosciutto, simplement recouvert d’huile d’olive et agrémenté de quelques noisettes crues, est d’une qualité telle qu’il se fendille à la pression légère des doigts et fond littéralement dans la bouche. L’assiette du chef, généreuse, n’était tout de même pas suffisante tellement chaque bouchée était jouissive.

Deuxième service

En guise de petits plats, le carpaccio de bœuf est à choisir assurément! Encore une fois, la qualité de la viande est impeccable, le bœuf est fondant et savoureux. Cette qualité permet au chef de ne pas travestir la pièce maitresse; le carpaccio est donc uniquement relevé d’un peu de citron et de parmesan, puis recouvert d’un jaune d’œuf fermenté râpé à peine perceptible à l’œil, mais bien senti en bouche.

Au troisième service, on voit arriver les plats de pâtes réconfortants des régions montagneuses de l’Italie: les tagliatelles au ragoût de champignons sauvages en sauce tomate, les cavatelli au porc braisé bien relevé et le plat de gnocchi de ricotta aux lardons et au tallegio, un fromage au lait de vache italien qui gagne à être connu des Québécois.

On y retourne?

Absolument! Pour son accueil et son service impeccables, son ambiance feutrée et intime, pour ses alcools qui marient avec adresse le classicisme et l’audace et pour la cuisine simple et généreuse du chef.

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