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Stoya, actrice porno: «Il y a toujours un risque»

Depuis 2009, année où le magazine Adult Video News lui a remis le trophée de la révélation de l’année, l’actrice porno Stoya s’est rapidement fait un nom, à la fois à l’écran et en ligne, où elle fréquente activement les réseaux sociaux, échangeant avec ses fans sur Twitter et dans de nombreux blogues. Elle a discuté avec Métro du port du condom dans les films pour adultes, des améliorations qui de­vraient être apportées dans son milieu et de ce qu’elle juge être des pratiques sexuelles sécuritaires.

La réaction de l’industrie à l’annonce de la séropositivité d’un acteur porno vous a-t-elle satisfaite?
«Satisfaite» est un terme ambigu dans le contexte. Il n’existe pas de pratiques absolument sûres. Il y a toujours un risque. La seule façon pour l’industrie d’être complètement sécuritaire serait que les acteurs n’aient aucune relation sexuelle – auquel cas, nous ferions des films érotiques à l’eau de rose, ce qui serait un peu moche. Mais, oui, je suis satisfaite de la réaction du milieu et j’apprécie que les dirigeants se soient montrés préoccupés par la santé des acteurs. Je pense cependant qu’en tant qu’industrie, nous pouvons faire mieux.

L’Adult Industry Medical Healthcare Foundation exige de chaque acteur qu’il passe mensuellement un examen. Cela est-il suffisant?
Cette mesure existe depuis 10 ou 15 ans et, avec le temps, la réglementation aurait dû être améliorée. Pour ma part, je demande des examens deux jours avant le tournage d’une scène. Je dispose de ce privilège en raison des termes du contrat qui me lie à la compagnie pour laquelle je travaille. La plupart des acteurs n’ont pas cette possibilité parce qu’ils ne forment pas un groupe en tant que tel. D’ailleurs, toute tentative pour syndiquer l’industrie porno est condamnée à l’échec. Ça n’est jamais arrivé et ça explique pourquoi nous ne pouvons agir en bloc et faire ce genre de demande.

Que pensez-vous du port du condom dans les films pornos?
On répète que les studios croient que le condom est mauvais pour les affaires. Mais, selon moi, ça ne peut pas être aussi simple. Il existe une certaine proportion de spectateurs qu’on entend beaucoup et qui ne veut pas que les acteurs pornos portent le condom. Soit. Mais je sais aussi que, parmi mes collègues et mes amis, les rapports sexuels protégés sont rares.

Que peuvent faire les producteurs pour rendre le port du condom acceptable à l’écran?
Quand j’en vois un dans un film porno, je trouve que ça ne convient pas. Le condom arrive à un moment donné, on le voit apparaître et disparaître. Le montage donne l’impression qu’il s’agit d’une sorte de condom magique intermittent. Je pense que, si on l’utilisait à l’écran comme on le fait dans l’intimité, c’est-à-dire sans en faire toute une histoire, le condom serait plus excitant, et les gens qui s’en plai­gnent auraient moins de raisons de rouspéter.

Pourquoi l’industrie ne peut-elle prendre l’initiative dans ce dossier et rendre le port du condom obligatoire?
Si on commençait à produire des films avec des condoms, plusieurs possibilités s’offriraient aux spectateurs qui n’aiment pas ça. Il y a tant de porno sur l’internet que vous pouvez vous tenir occupé pour le reste de votre vie si vous en avez envie. Ceux qui sont contre le condom se tourneraient donc simplement vers des films plus vieux ou des sites d’amateurs, lesquels sont déjà presque au même niveau que les pros.

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