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Le conteneur métallique: à quel prix?

Photo: Collections Dubreuil

Inaugurée jeudi dernier, la «Maison conteneur» des Collections Dubreuil semble avoir piqué la curiosité de plusieurs internautes, à en constater les nombreuses réactions que j’ai croisées via les médias sociaux.

Composée de quatre conteneurs récupérés à Montréal, ce prototype des Collections Dubreuil est le résultat de deux ans de recherche, de construction et de discussion avec la ville de Sainte-Adèle. Il s’agit de la propriété la plus écologique offerte par le groupe, comprenant notamment un toit végétal, de nombreux matériaux recyclés et une isolation à l’uréthane à base de soya.

Mais pourquoi bâtir une maison à partir de conteneurs maritimes? Quels en sont les bénéfices? Économise-t-on vraiment de l’argent en bout de ligne?

Tout d’abord, il faut savoir que l’intérêt envers le conteneur reste très modeste en architecture au Québec. L’un des rares architectes à s’y être réellement intéressé est Pierre Morency, qui a conçu sa propre résidence secondaire en Estrie à partir de trois conteneurs maritimes. Son projet lui avait d’ailleurs valu, en 2007, le prix Marcel-Parizeau de l’Ordre des architectes du Québec pour sa grande qualité architecturale. Mais pour le reste, on peut pratiquement compter sur nos doigts le nombre d’initiatives du genre en province.

Cet enthousiasme très modéré s’explique entre autres par les coûts généralement élevés de ce type de construction. Le conteneur métallique ne devient rentable que si l’on multiplie son utilisation sur un même site, notamment pour du micro-logement. C’est le cas, par exemple, pour des complexes d’habitation dédiés aux gens à faible revenu ou aux étudiants, pour lesquels la superficie d’un seul conteneur convient amplement aux besoins de chaque individu. Le constructeur n’a pratiquement qu’à empiler ses boîtes métalliques les unes par-dessus les autres et le tour est joué. On économise ainsi du temps et de l’argent comparativement à une construction plus traditionnelle.

Ce n’est pas le cas ici pour la Maison conteneur des Collections Dubreuil. On parle plutôt d’un projet qui débute à 350 000 $ pour une superficie habitable de 1280 p2. Le fait de devoir percer les conteneurs afin d’unifier les pièces de la demeure a inévitablement un impact considérable sur la facture. On se construit donc une telle propriété pour son unicité et par souci écologique. Non pas pour économiser.
Autre aspect peu négligeable : les difficulté d’approbation. Bien des villes repoussent du revers de la main de tels designs en dépit de leur innovation. La présidente de l’entreprise, Claudie Dubreuil, me confiait d’ailleurs que son prototype avait été refusé à quelques endroits sur la rive-nord de Montréal parce qu’il ne correspondait pas à certaines normes d’urbanisme. Plusieurs villes possèdent effectivement des règlements parfois très sévères qui ont pour effet d’uniformiser inutilement nos quartiers résidentiels… et qui limitent, par le fait même, l’implantation de maisons plus atypiques. Le choix de son lieu de résidence s’avère donc beaucoup plus limité avec une telle Maison conteneur.

Ceci étant dit, c’est tout à l’honneur des Collections Dubreuil de vouloir pousser plus loin la notion écologique de leurs produits résidentiels avec une telle initiative.

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