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InHAIRitance: à la gloire des boucles

Abisara Machold, fondatrice et propriétaire du Spa de Boucles InHairitance Photo: Gracieuseté/InHAIRitance

En 2012, Abisara Machold n’a pas seulement fondé le salon de coiffure InHAIRitance, elle a incité les gens à poser un regard anthropologique et sociologique sur les cheveux naturels des femmes noires. Entrevue avec une jeune entrepreneure qui a créé un spa pour boucles où règne le respect de l’héritage capillaire.

Que représente le nom de votre salon de coiffure?
C’est un jeu de mots avec «héritage» et «cheveux», car nos cheveux font partie de notre héritage, et ce, peu importe son origine. Au salon, nous avons principalement des femmes noires comme clientes, mais des femmes québécoises, portugaises, marocaines… viennent aussi se faire coiffer les boucles ici.

En quoi est-ce différent de coiffer des cheveux bouclés?
La nature du cheveu est complètement différente; celui-ci demande des soins particuliers. Par exemple, les personnes qui ont des cheveux lisses vont surtout avoir des problèmes de cheveux gras, alors que, moi, je ne connaîtrai jamais ça. Les Noirs ont principalement des problèmes de sécheresse. Et puis, on ne coupe pas les cheveux bouclés de la même façon, il y a des cheveux qui ont un effet de rétraction de 75% – c’est pour cela qu’on coupe surtout les cheveux secs.

Tout est différent, tout est dans les détails, mais on ne sait pas ça, ce n’est pas enseigné dans les écoles de coiffure. Et le pire, c’est que les femmes elles-mêmes ne savent pas comment s’occuper de leurs cheveux naturels, car elles les dénaturent depuis l’enfance.

À ce propos, pourquoi est-il important pour les femmes noires de se réapproprier leurs boucles naturelles?
Vous savez, au salon, nous offrons une heure de consultation gratuite avant de coiffer les personnes et c’est un moment très chargé émotionnellement pour les clientes; tout sort! Elles se confient, il y a tellement de blessures et de traumas qui sont liés à leurs cheveux. Déjà, dans l’enfance, nos mères nous disent qu’on a de mauvais cheveux, qu’il faut les défriser, on a l’impression que ce qu’on est intrinsèquement n’est pas correct.

Dans les communautés noires, plus ton cheveu est lisse, plus ta boucle est grande, et plus tu es considérée comme étant belle. À une certaine époque, à La Nouvelle-Orléans, c’était même illégal pour une femme noire de porter ses cheveux naturels. Ce sont des blessures faites à ta nature, et elles sont vieilles et profondes­. Par exemple, lorsque j’étais enfant, je rêvais d’avoir de longs cheveux lisses, et c’est probablement le rêve de toutes les petites filles noires du monde. Je veux changer ça!

Et comment cela se traduit dans votre rôle au salon InHAIRitance?
Personnellement, je ne coiffe pas, j’ai débuté avec une simple table où j’offrais un espace sécuritaire aux femmes pour raconter leur histoire capillaire. Mais même si aujourd’hui j’ai plus de 22 personnes dans mon équipe, un beau grand salon, une franchise en Martinique, une gamme de produits et des projets d’expansion, ce que je préfère par-dessus tout, c’est cette heure de consultation. Je veux dire aux femmes qu’elles ont le droit de se réapproprier leur nature, je veux leur redonner une image à laquelle elles correspondent et redéfinir les standards de beauté. C’est le cœur de tout!

Dans la trousse
Le mois dernier, la fondatrice d’InHAIRitance a lancé sa propre gamme de produits capillaires pour cheveux bouclés : CurlCare. Après trois ans de recherches, de tests et d’essais-erreurs, Abisara Machold et son équipe d’experts ont mis sur le marché six soins faits d’ingrédients naturels à 98% pour hydrater, soigner, styliser et aimer toutes les bouclettes.

InHAIRitance se situe au 3522, rue Notre-Dame Ouest, à Montréal.

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