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La designer Valérie Lamontagne: la techno, c’est chic!

Photo: Yves Provencher/Métro

Dans le cadre du Printemps numérique, à Montréal jusqu’au 21 juin, Métro présentera toutes les deux semaines des entrevues avec des acteurs du monde numérique.

Artiste de formation, designer, prof et doctorante, Valérie Lamontagne porte avec brio plusieurs chapeaux. Mais surtout, elle confectionne le futur, le prêt-à-porter de l’avenir en mariant le vêtement à la performance.

Bac en histoire de l’art et maîtrise en beaux arts: comment l’aspect numérique s’est-il greffé à votre parcours?
Avant de commencer mon doc, j’ai voyagé partout au Canada, de Terre-Neuve à Vancouver. Je m’intéressais à la performance des costumes armée de divers outils, comme le web, la photo et la vidéo. L’idée d’intégrer la techno au vêtement et de créer un tissu interactif, réactif, nourri par son environnement, soit le corps, m’est alors venue en tête.

Comment appelle-t-on ce type de vêtement?
Les wearable technologies. Cela désigne les accessoires et les vêtements dotés d’éléments technos. On pense entre autres aux textiles intelligents, bios, réactifs, ou même, aux Google Glass. Ce sujet se retrouve d’ailleurs au cœur de mon doctorat Vêtements performants: corps, mode, technologies et culture de laboratoire. Grosso modo, j’y analyse l’interaction des différents éléments et les associe à la performance corporelle.

Et en pratique, ça donne quoi?
L’innovation, le développement et l’expérimentation représentent en soi la technologie. Le wearable diffère des autres technologies, soit de l’art classique où l’on crée, mais sans concevoir l’outil même. En confectionnant le wearable, je bâtis l’ordinateur, le circuit, le programme et j’intègre le tout au corps. Je pars de zéro, quoi!

Mes créations Strokes&Dots, fruits de 3lectromode, ma boîte de consultation et de création de technologies à porter, en témoignent d’ailleurs. Ces patrons permettent tant aux ingénieurs, férus de techno, qu’aux designers, pros des textiles, de pouvoir créer une wearable technologie sans avoir recours à l’expertise de l’autre intervenant.

De quelle création êtes-vous la plus fière?
De mon fils, mais ça compte? Si on reste dans la thématique, j’irais, de manière générale, avec l’esprit créateur. Grâce à lui, je continue de produire parce que je vois les limites et les défauts de ce qui a été créé. Il me permet d’aller toujours plus loin, d’évoluer en tant qu’artiste.

Et où cet esprit créateur vous mènera-t-il prochainement?
Tout droit vers les vêtements et les circuits en papier! En plus d’être recyclés et hyper légers, ces vêtements s’inscrivent dans une démarche durable plus que pertinente pour le Québec et ses ressources naturelles.

Et quoi d’autre?
Après le dépôt de ma thèse, je désire tisser davantage de liens entre l’univers académique et les industries du textile, de la mode et des technologies: je souhaite y plonger, y collaborer activement. Toucher à la production du vêtement, me mettre en mode innovation et recherche ne sont que quelques-unes des pistes à explorer.

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Quels sont les défis de votre industrie?
D’abord et avant tout, il faut décloisonner les pratiques: l’usage du textile ne se limite pas à la mode. Mettons à profit l’ouverture d’esprit et le sens de l’innovation! Ce premier pas franchi, il est impératif de se tourner vers l’écologie: trop de vidanges jonchent nos sols, nos rivages. En Amérique du Nord, nous sommes privilégiés d’être entourés d’autant d’arbres et d’espace. Mes mots d’ordre? L’éducation et la sensibilisation. Et, de grâce, bannir la technologie n’est pas la solution. Il faut plutôt opter pour de meilleures technologies, créer des solutions d’avenir, de plus jolis et bons produits.

Quelle collaboration vous ferait terriblement envie?
Tant qu’à rêver, je défierais aussi la notion du temps. D’emblée, je dirais Louise Bourgeois, artiste et sculptrice d’origine française, dont j’admire l’œuvre. Cette féministe possédait une image bien personnelle du corps: elle le redéfinissait carrément. Selon elle, il faisait partie intégrante de l’environnement. J’adhère à ce concept, et même, je l’intègre à mon idée créatrice.

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