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Voyager autrement

Plutôt que de prendre des vacances reposantes dans un lieu de villégiature attrayant, Monique Messier a choisi l’an passé de s’envoler pour une première fois au Guatemala afin d’y faire du tourisme engagé. «Ça faisait longtemps je voulais faire de la coopération internationale, raconte la travailleuse sociale de métier. J’avais le goût de découvrir et de partager avec des peuples moins avantagés que nous».

Après avoir repéré une annonce de l’organisme Solidarité Montérégie Amérique centrale (SMAC) dans le journal local, elle s’est lancée corps et âme dans cette expérience humanitaire avec une demi-douzaine de touristes solidaires. Après quelques ateliers de formation, ils ont entrepris le voyage d’une durée de trois semaines. «Trois semaines, je trouvais cela accessible et je trouvais que c’était une belle façon de s’initier au travail humanitaire», dit-elle. Tout le voyage était planifié par SMAC. La première semaine, elle a découvert la culture et elle a appris quelques mots d’espagnol. Elle a ensuite mis la main à la pâte pour construire un abri au puits du village d’El Ansital, situé dans le sud-ouest du Guatemala.

«L’idée, ce n’est pas d’envahir un village et de faire un gros projet, mais bien d’aller travailler sur des projets choisis et désignés comme prioritaires par la communauté», explique Monique Messier. «Et c’est important que les Guatémaltèques participent au projet afin qu’ils soient en mesure de le compléter par la suite», ajoute-t-elle. Au cours des derniers jours du voyage, le groupe de touristes solidaires a pu profiter du pays et de ses attraits, en plus d’assister à des conférences de Guatémaltèques.

De retour dans la Belle Province, Monique Messier a multiplié les conférences pour relater ce qu’elle avait vécu au Guatemala. Marquée au fer rouge par son expérience humanitaire, elle a voulu poursuivre son engagement; elle est donc devenue bénévole au service de SMAC et elle est à nouveau partie au Guatemala cet été. Elle a été ainsi à même de constater les effets du travail des touristes solidaires. «Les gens étaient très fiers de nous montrer qu’ils avaient bien entretenu ce qu’on avait fait, rapporte-t-elle. C’était fascinant parce que ce qu’on a fait n’était pas énorme, mais c’était considérable pour eux. Ça entretient leur espoir».

Et lors de ce deuxième voyage, elle a eu la chance de rencontrer Rigoberta Menchú, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1992. «Elle nous a reçus chez elle, mentionne Monique Messier. Elle a répondu à nos questions pendant deux heures. C’est une femme d’une gentillesse déconcertante». Aujourd’hui, Monique Messier est incapable de tourner la page sur son expérience humanitaire tant elle a été mémorable. Elle suit l’actualité du Guatemala grâce à Internet, maîtrise de mieux en mieux l’espagnol et elle compte bien y repartir prochainement.

Plus consciente et plus responsable
La touriste solidaire Monique Messier croit que les voyages humanitaires lui ont fait prendre conscience des difficultés que connaissent les peuples moins bien nantis et surtout, de l’importance de faire des choix de société responsables. «Quand on a vécu avec [des Guatémaltèques] et qu’on a constaté ce que ça leur demande comme courage pour survivre, on a le goût d’en parler pour que notre société soit plus conscientisée», dit-elle.

Au cours de ses voyages, elle a visité une caféière au Guatemala, où les conditions de travail étaient déplorables. Des travailleurs tentaient de racheter des plantations de caféiers afin de se soustraire au joug de patrons véreux. «Maintenant, je demande d’où vient mon café, rapporte-t-elle. Est-il produit par des gens que je connais?» 

L’organisme Solidarité  Mon­térégie Amérique centrale (SMAC) tente de faire une différence au Guatemala. Par différents projets, il veut avant tout améliorer l’accès à l’eau potable. Entretien avec la présidente de l’organisme, Julie Daigneault, qui a vécu deux ans au Guatemala.

Mis à part le tourisme solidaire, que fait SMAC?
On fait des activités de sensibilisation et de financement au Québec et on développe annuel-lement  un projet avec notre partenaire au Guatemala. On a financé la constru-ction de puits et l’aména-gement de réservoirs d’eau et de stations d’épuration. On donne aussi des outils d’éducation et de sensibilisa-tion aux Guatémaltèques.

Pourquoi SMAC s’est-il lancé dans le tourisme humanitaire?
L’idée, c’est de recruter des membres et de sensibiliser un plus grand nombre de personnes sur ce qui se passe au Guatemala. On a été noyé d’informations sur Haïti. Aujourd’hui, on est bombardé d’infor-mations sur le Pakistan. C’est une façon d’informer les gens sur ce qui se passe dans les pays qui ne sont pas médiatisés.

Qui peut participer à ces voyages?
Toute personne qui démontre un intérêt et qui est prête à s’impliquer auprès de nous pendant une année. Les participants doi­vent être âgés de 18 ans et plus et ils doivent suivre une formation.

Qui paie pour ces voyages?
Les stagiaires doivent payer une somme d’argent qui couvre leurs frais d’hébergement et leur transport.

SMAC intervient principalement dans le sud-ouest du Guatemala. Y a-t-il une volonté de faire des projets dans d’autres pays de l’Amérique centrale?
Non. Pour nous, c’est important de créer des liens avec notre partenaire et de faire le suivi de nos projets. On veut se concentrer sur un pays et, pour le moment, une région. On pourrait passer 365 jours par année à répondre au besoin du sud-ouest du Guatemala. Cette région est oubliée par la coopération internationale parce qu’elle est considérée comme très riche par les grands propriétaires terriens. On suppose que les gens qui sont là ont énor­mément de travail. Cependant, les crises du café et de la banane, plus les oura­gans, ont détruit les récol­tes. La majorité des travail­leurs agricoles ont été mis à la porte pour laisser la place à des journaliers. Les gens font la file chaque jour pour travailler.

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