Soutenez

Turbulences sur la piste

Photo: Lydiane St-Onge

La piste d’atterrissage à Cuzco, au Pérou, est réputée pour être dangereuse. Mais, ayant volé plus de 200 fois dans ma vie, je me suis dit que ce n’est pas une petite piste qui allait me faire craindre le pire. Erreur!

À Lima, ma meilleure amie Catherine – qui m’a rejointe pour trois semaines au Pérou – et moi avions trouvé des billets d’avion abordables pour nous rendre à Cuzco, le point de départ de l’Inca Trail qui mène au Machu Picchu. Nous étions complètement énervées à l’idée de voir enfin cette merveille du monde!

Dans l’avion, nous rattrapions le temps perdu en jasant, mais la vue nous a rapidement coupé la parole : des montagnes blanches perçant les nuages, et ce, à perte de vue…

En regardant ces magnifiques montagnes, j’en ai profité pour dire à Catherine que la piste d’atterrissage à Cuzco est très dangereuse, car elle est en altitude et très courte, et que seuls des pilotes expérimentés sont autorisés à y atterrir. En amorçant le virage serré vers la piste d’atterrissage, nous rigolions un peu à cause du supposé danger et nous faisions comme si rien ne nous faisait peur. Ayant volé plus de 200 fois dans ma vie, ce n’est pas une petite piste qui allait me faire craindre le pire! Erreur!

Le pilote a dirigé l’avion vers le début de la piste. Nous descendions tranquillement et lorsque nous avons enfin touché le sol, l’avion a commencé à partir dans tous les sens. Les bancs, les hublots, le plafond vibraient comme si l’appareil allait se briser en mille morceaux! Mon sourire a laissé place à une expression de frayeur et j’ai compris rapidement que nous allions trop vite, que le mur de brique à la fin de la piste était de plus en plus près, que le pilote n’arrivait pas à freiner l’appareil efficacement, que je voyais trop bien les maisons autour… Bref, c’était la panique à bord, avec raison! Puis, mon regard s’est tourné vers le fond de l’avion et j’ai aperçu des morceaux du plafond qui se détachaient, des masques à oxygène qui tombaient. Les gens autour faisaient leurs prières. L’avion semblait vouloir se séparer en deux, comme si quelqu’un tirait de chaque côté… Je me demandais vraiment si nous allions nous en sortir vivants!

Dehors, des véhicules d’urgence étaient déployés sur la piste. Le temps semblait s’arrêter. J’ai fermé les yeux et j’ai aussi fait ma prière. Miraculeusement, l’avion s’est immobilisé quelques mètres avant le mur de brique, complètement à la fin de la piste. Les passagers ont soupiré de soulagement, des gens pleuraient, nous tremblions et j’ai regardé mon amie en lui disant: «Wow, on s’en est sorties!»

Le pilote nous a ensuite appris qu’il avait fait une crevaison en touchant le sol. Pour un avion qui atterrit à Cuzco, c’est pratiquement fatal. Il en a profité pour nous souhaiter la bienvenue à Cuzco sur un ton de pince-sans-rire, et tous les passagers ont applaudi chaudement les talents et le sang-froid du pilote.

Personne n’a été blessé. Nous sommes tous descendus de l’avion un peu ébranlés par cette expérience et soulagés d’être simplement en vie. C’est fou combien notre vie tient à un fil ou, dans ce cas-ci, à une roue… Passer d’un moment d’extase à regarder des paysages incroyables à un moment où ce sont peut-être mes derniers battements de cœur me fait comprendre que je dois continuer à profiter de la vie à fond et à vivre mes passions comme s’il n’y avait pas de lendemain. Car on ne sait jamais quand le moment est venu!

Pour en savoir plus
www.lydianeautourdumonde.com
www.facebook.com/lydianeautourdumonde

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.