Soutenez

Oui à l’empathie au travail, mais avec modération

Photo: Getty Images
Catherine Martellini - 37e AVENUE

Loin de n’être qu’une vertu, l’empathie au travail pourrait être contre-productive, selon le professeur de gestion Adam Waytz. Métro se penche sur la question.

Personne ne conteste 
l’importance de la capacité à se mettre à la place des autres. Cette qualité est essentielle, tant dans la gestion des employés que dans l’anticipation des besoins des clients.

Sans compter qu’elle favorise un climat de travail sain. On n’a qu’à imaginer un instant ce à quoi ressemblerait notre quotidien si notre patron était totalement dépourvu d’empathie.

«Des études menées auprès de la clientèle montrent qu’un leadership empathique mobilise beaucoup plus les employés, soutient Yarledis Coneo, conseillère en développement organisationnel. Et cela a également un effet bénéfique sur la santé mentale, puisque les employés se sentent utiles en offrant leur aide.»

Cependant, selon le professeur de gestion Adam Waytz, l’empathie serait une arme à double tranchant. Dans son article «The Dark Side of Empathy» publié dans la Harvard Business Review, le professeur explique qu’à force de sacrifier ses propres besoins au profit des autres, on finit par épuiser ses réserves de compassion. Et par devenir insensible.

Les travailleurs œuvrant dans des secteurs comme la santé, l’éducation ou la philanthropie sont à risque. Cette fatigue les rend plus susceptibles de commettre des erreurs, de s’absenter du boulot, voire de démissionner.

Il n’est pas rare de voir des gens proposer à leurs collègues de les décharger de certaines tâches alors qu’ils en ont eux-mêmes plein les bras. «Ils ont le syndrome du superhéros et se sentent coupables s’ils n’apportent pas leur soutien», explique Yarledis Coneo. Ce sentiment de culpabilité augmente le stress au travail et nuit à l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle, selon une étude américaine publiée dans le Journal of Applied Psychology. «Plus on consacre son énergie à écouter les problèmes de ses collègues et à leur prêter main-forte lorsqu’ils sont débordés, moins il en reste une fois à la maison», ajoute la conseillère en développement organisationnel.

Outre ces considérations relationnelles et psychologiques, un employé qui ressent trop la douleur des autres peut commettre des fautes sur le plan éthique. C’est ainsi que par loyauté envers nos collègues, on peut aller jusqu’à dissimuler certains faits répréhensibles pour les protéger.

Trouver un juste milieu
Comme chaque personne est différente, comment savoir si notre compassion va trop loin? «L’empathie devient problématique lorsqu’on dépasse ses propres limites», précise Yarledis Coneo. Pour arriver à les définir, il faut bien se connaître. «Surtout, rappelons-nous que, lorsqu’on dit non à quelqu’un, on dit oui à soi-même et à d’autres priorités», ajoute-t-elle.

Ce n’est pas non plus parce que les autres parlent d’un problème qu’on doit agir. «On doit leur demander s’ils ont besoin d’aide et décider ensuite si on souhaite la leur accorder, selon nos valeurs et nos limites», souligne-t-elle.

Malgré tout ce qui 
précède, les avantages de l’empathie en milieu de travail l’emportent grandement sur ses inconvénients.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.