Soutenez

Demain, une école sans devoirs ?

Photo: Getty Images

Les études le disent : au primaire, on ne voit pas les effets des devoirs sur la réussite scolaire. Pourtant, 75 % des parents canadiens en réclament. Parallèlement, 75 % d’entre eux affirment qu’il s’agit d’une source de stress.

«On donne des devoirs par habitude», croit Mélanie Paré, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal. «Comme spécialiste du primaire, j’observe qu’il faut attendre la fin du primaire pour que les devoirs apportent un gain et permettent de faire plus d’apprentissages.

Ça suscite donc des interrogations de voir qu’on en donne dès le début de la scolarité. Parce que la principale fonction d’un devoir au début de la scolarité est que le parent puisse communiquer avec l’école, voir ce que l’enfant y fait. Ça ne sert pas nécessairement les apprentissages.»

Jean Archambault est professeur au Département d’administration et de fondement de l’étude de l’Université de Montréal. Responsable des programmes de formation, il a longtemps enseigné aux futurs directeurs d’école. «Souvent, on fait faire à la maison des choses qui nécessiteraient la présence d’un professionnel de l’éducation pour faire apprendre les élèves. On met ça entre les mains des parents, sans qu’ils puissent y faire grand-chose.»

Des enfants sans soutien à la maison peuvent-ils tirer quelconque bénéfice des devoirs ? «Je poserais la question autrement, poursuit Jean Archambault. Quand on demande aux parents de soutenir les élèves, il faut regarder le type de devoirs qu’on envoie à la maison et ce qu’on demande aux parents comme travail. Les devoirs sont souvent associés à une exigence plus ou moins réaliste à l’égard des parents. Ce n’est pas que les devoirs ne sont pas bons, c’est qu’on les donne mal. Les enseignants n’ont pas suivi de cours là-dessus, d’une part, et d’autre part, la réflexion se fait peu dans les écoles.»

«La question n’est pas de bannir ou pas les devoirs. Si on envoie des choses intéressantes à la maison, qui nourrissent la relation parent-enfant plutôt que de créer des conflits, pourquoi pas? Des parents, on devrait avant tout attendre qu’ils aient de la compassion pour leur enfant, qu’ils valorisent le fait qu’il aille à l’école et qu’ils le soutiennent dans ses initiatives. Il ne faut pas les mettre dans la situation potentiellement conflictuelle de contrôleurs», conclut-il.

Et au secondaire ?
L’impact des devoirs sur la réussite scolaire croît avec les années, explique Jean Archambault. «La recherche ne dit pas clairement pourquoi, mais l’apprentissage autonome devient plus important au secondaire, et le travail hors cours y contribue.»

Marie-Danielle Sigoin, enseignante-orthopédagogue à l’école secondaire La Dauversière de Montréal, estime que les devoirs sont malheureusement souvent mal utilisés. «Ça doit être perçu par l’élève comme une aide et non comme une punition. Parce que, sinon, c’est une source de démotivation qui ajoute au sentiment de contrainte que certains élèves éprouvent par rapport à l’école. Quand l’objectif est de développer une habitude de travail qui ne vient pas naturellement, ou de s’approprier des notions, les élèves répondent mieux.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.