Soutenez

Quand la dépression s’invite au boulot

Philippe Lanoix-Meunier - Le Courrier du Sud / TC Media

La dépression afflige plusieurs milliers de Québécois chaque année, et plus particulièrement durant les mois de novembre, décembre et janvier. Les entreprises, souvent mal outillées pour faire face à cette réalité, doivent ainsi débourser des dizaines de milliers de dollars en coûts d’invalidité.

Selon l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, les coûts d’invalidité représentent entre 4 et 12% des coûts salariaux au Canada. Et les demandes de règlement liées à la maladie mentale – principalement la dépression – ont maintenant devancé celles liées aux maladies cardiovasculaires, devenant la catégorie des coûts d’invalidité qui a augmenté le plus au Canada. On estime que d’ici 2020, la dépression se classera au deuxième rang des principales causes d’incapacité à l’échelle mondiale.

Les problèmes de santé mentale en milieu de travail coûtent ainsi aux entreprises canadiennes près de 14% de leurs profits annuels nets, soit jusqu’à 16 G$ annuellement. Et selon des calculs qui tiennent compte des coûts indirects, l’économie canadienne perdrait jusqu’à 30 G$ par année à cause des problèmes de santé mentale et de toxicomanie.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, 12% de la population québécoise de 15 ans et plus a vécu un épisode dépressif au cours de sa vie. Si cette proportion a légèrement diminué depuis 2002 (15%), 22% de la population québécoise décrit la plupart de ses journées comme étant assez ou extrêmement stressantes.

Les entreprises mal préparées
Selon la présidente de Ressources Humaines Delta, Catherine Chevrette, les gestionnaires québécois ont tendance à sous-estimer les répercussions de la dépression sur le bon fonctionnement d’une entreprise et sont souvent mal outillés pour encadrer les questions liées au régime d’invalidité.

L’entreprise située à Saint-Lambert se spécialise dans les assurances, les régimes de retraite collectifs et la gestion de l’invalidité. Elle s’est récemment penchée sur les répercussions de la dépression sur les entreprises québécoises ainsi que sur les coûts d’invalidité qu’elle représente pour les employeurs.

«Le vieillissement de la main-d’œuvre a d’importantes répercussions sur les cas de dépression, explique Catherine Chevrette. On demande aux travailleurs plus âgés de s’adapter rapidement aux nouvelles technologies, avec lesquelles plusieurs ne sont pas familiers. Et de l’autre côté du spectre, la précarité d’emploi affecte beaucoup les jeunes diplômés.»

Prévention et réintégration
«La prévention des maladies mentales en milieu de travail et les programmes de réintégration sont des outils essentiels pour les employeurs», estime Catherine Chevrette, qui déplore le manque de formation des gestionnaires concernant les règles de détection.

Bien que la société québécoise ait fait beaucoup de progrès ces dernières années, la discrimination et la stigmatisation liée à la dépression sont encore bien présentes dans les milieux de travail, indique-t-elle. Encore aujourd’hui, seulement 30% des gens faisant une dépression cherchent de l’aide, en raison de la stigmatisation entourant la maladie.

«C’est certain qu’on ne réduira jamais le nombre de dépressions à zéro, précise Mme Chevrette. Mais les employeurs ont tout intérêt à former leurs gestionnaires afin de contrer la stigmatisation et la discrimination dont plusieurs sont victimes. Les employés qui reçoivent un diagnostic de dépression et qui adoptent une médication appropriée feront épargner à leur employeur les coûts équivalents à 11 jours par année d’absentéisme, en moyenne.»

Elle précise cependant que les programmes de promotion de la santé ne sont efficaces qu’en présence de conditions de gestion favorables, principalement celles qui favorisent la satisfaction des employés au travail.

«Les employeurs ont souvent la mauvaise habitude de refuser un retour progressif à leurs employés qui reviennent d’un congé d’invalidité, en raison des coûts que cela peut engendrer, ce qui augmente grandement le risque de rechute. Le retour progressif est la meilleure façon de réussir un retour au travail. Il est également important pour l’employeur de garder contact avec la personne durant son congé d’invalidité, afin de faciliter sa réintégration. Le choc du retour est souvent moins important de cette manière», conclut Catherine Charrette.

L’hiver, saison déprimante ?
La dépression est un phénomène qui touche de plus en plus les sociétés occidentales, particulièrement pendant les mois de novembre, décembre et janvier, où les cas enregistrés sont en forte hausse.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.