Soutenez

Les vraies causes du décrochage

Photo: Métro

La pauvreté est souvent présentée comme la cause principale du décrochage.

Il semble aujourd’hui que ce sont les traumatismes qui en résultent qui en sont plus directement la cause.

À la fin septembre, le réseau PBS diffusait un reportage intitulé DropOut Nation dont on a énormément discuté depuis sur l’internet et dans les médias sociaux. Ce documentaire nous a permis de suivre quatre jeunes à risque de décrochage durant un semestre entier et d’explorer ainsi les raisons qui poussent si souvent les jeunes à quitter l’école sans diplôme.

La pauvreté est souvent présentée comme une cause majeure du décrochage. La recherche montre clairement que les jeunes qui proviennent de familles défavorisées décrochent plus souvent que leurs pairs.

Dans le documentaire, les jeunes proviennent effectivement de milieux où la pauvreté est rampante. Néanmoins, lorsqu’on écoute leurs discours, ce n’est pas tant de la pauvreté dont il discute, mais des problèmes familiaux et sociaux qui lui sont souvent associés.

Un des jeunes, par exemple, se plaint de souffrir de stress intense, qu’il attribue à ses relations familiales difficiles, ses deux parents étant alcooliques. Le père d’un autre jeune vient d’être déporté et le même sort semble attendre sa mère. Il doit donc travailler 40 heures par semaine pour répondre à ses besoins et à ceux de sa sœur, tout en cherchant à terminer ses études secondaires. Une autre ne réussit pas à fréquenter l’école de façon régulière même si elle a de grandes ambitions, parce qu’elle est sans abri et trop occupée à répondre à ses besoins immédiats.

Ces difficultés sont en soi suffisantes pour expliquer pourquoi ces jeunes en viennent à se décourager et à quitter l’école de façon prématurée. Mais il y a pire. Les chercheurs Vincent Felitti et Robert Anda, dans les années 1990, ont décrit les expériences de ces jeunes comme des traumatismes émotionnels de l’enfance et de l’adolescence. Ces traumatismes ont des conséquences néfastes sur le plan neurologique et affectent le comportement scolaire. Les jeunes qui ont vécu ces traumatismes éprouvent des difficultés à contrôler leurs émotions, à se concentrer sur une tâche et à persévérer pour atteindre leurs objectifs.

D’après la recherche, 51 % des jeunes qui ont subi quatre de ces traumatismes ou plus décrochent, sans parler des nombreuses autres difficultés qu’ils éprouvent à l’âge adulte (alcoolisme, problèmes de santé mentale, etc.).

Privés d’une bonne éducation et fragiles tant sur le plan affectif que sur le plan psychologique, ces jeunes expérimenteront eux aussi la pauvreté qu’ont vécue leurs parents. C’est le cercle vicieux de la reproduction sociale et psychologique.

La pauvreté a souvent été utilisée pour expliquer les taux de décrochage élevés au Québec. Il est aujourd’hui possible de se rendre compte que, bien qu’il y ait là une vérité, c’est plus exactement son incidence sur le fonctionnement psychologique qui est en cause.

Il est donc possible d’aider les jeunes en leur enseignant le contrôle de leurs émotions et la valeur de la poursuite assidue d’un objectif. L’espoir, c’est-à-dire la capacité de croire que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, est probablement leur plus grand atout contre le décrochage.

Conférence
Notre chroniqueur Mario Charette présentera une conférence à l’Événement Carrières la semaine prochaine.

  • Quoi? Le CV exemplifié
  • Quand? Mardi 23 octobre à 14 h
  • Où? Au Palais des congrès

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.