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Les jeunes et leur relation au numérique

commentaires apparence physique
La campagne « Le poids, Sans commentaire ! » demande aux jeunes de faire l’effort ne pas faire des commentaires sur l’apparence physique sur les réseaux sociaux au cours des cinq prochains jours. Photo: Métro

L’internet, les réseaux sociaux et les applications mobiles sont omniprésents dans la vie des jeunes. Les supports éducatifs revêtent également de plus en plus une forme numérique. Mais quel impact cela a-t-il sur eux?

Afin d’amener les jeunes à réfléchir à la portée de ces outils modernes, l’initiative Bien-être numérique a été lancée au printemps dernier par trois étudiants en médecine.

L’équipe est constituée d’une dizaine de bénévoles qui ont mis sur pied l’atelier Autodéfense numérique. Ils vont à la rencontre des élèves des 3e, 4e et 5e secondaires dans les écoles de la province.

Plusieurs sujets sont abordés de manière inclusive et participative: l’impact sur l’humeur, la dépression, le sommeil, les performances scolaires, les fonctions cognitives. Il est aussi question de cyberdépendance, d’épanouissement des rapports humains par les réseaux sociaux, ou encore de quelques mythes, comme le multitasking. 

«Ce sont toutes des questions qui doivent être nuancées, car face à l’environnement numérique, on ne peut pas donner une vision noire ou blanche, souligne d’emblée Charles-Antoine Barbeau-Meunier, président et cofondateur du projet, diplômé en médecine et en sociologie. Tout évolue très vite. Dans les ateliers, on ne présente pas les données comme étant la réalité; on incite plutôt les jeunes utilisateurs à réfléchir par et pour eux-mêmes.»

Évolution des pratiques et des mentalités

Un plan d’action ministériel en œuvre au Québec vise l’intégration du numérique en tant qu’outil dans les établissements scolaires. «Il aborde la notion d’esprit critique et est essentiellement orienté vers l’utilisation du numérique dans l’éducation, relève M. Barbeau-Meunier. Par contre, ce qu’on ne voit pas encore dans ce plan d’action, c’est un esprit critique par rapport au bien-être et à l’équilibre de vie. On vient ainsi combler une lacune dans le système actuel.» 

Toutefois, M. Barbeau-Meunier constate que les jeunes âgés de 14 à 17 ans sont très conscients de l’influence du numérique. «Un récent sondage révèle que la génération Z sera la première qui souhaitera être moins connectée, rapporte-t-il. Ça rejoint ce que nous entendons dans les classes. Les jeunes ont bien compris que l’espace numérique peut être une source d’anxiété ou que sa contribution ne sera pas nécessairement positive.» 

Selon lui, si sa génération, celle des millénariaux, a développé une culture de l’alimentation saine en réaction à la croissance des fast-food, les individus de la génération Z seront probablement les instigateurs d’une prise de conscience similaire en matière d’hyperconnectivité.

«On croit que le numérique et le bien-être sont compatibles, mais que cela requiert des outils de réflexion préalables ainsi qu’une capacité d’utilisation informée
et consciencieuse.» –
Charles-Antoine Barbeau-Meunier, président et cofondateur de Bien-être numérique

Du cas par cas

Statistique Canada préconise de limiter le temps de loisir devant un écran à un maximum de deux heures par jour. Quant à M. Barbeau-Meunier, il ne souhaite pas être prescriptif. «La seule exception serait, par précaution, d’éviter la surstimulation du cerveau des enfants en bas âge, indique-t-il. Ensuite, dès l’adolescence, ça dépend de plusieurs facteurs individuels. Est-ce que l’engagement permet de nourrir des relations ou des activités saines, ou bien observe-t-on la vie des autres sans interagir?» Un adolescent pourrait consacrer énormément de temps aux écrans sans ressentir d’effet néfaste, et son ami y être une heure à peine, mais vivre davantage de détresse, croit-il.

La nature du réseau social joue aussi un rôle sur le stress. Par exemple, Instagram, qui représente davantage de situations idéalisées, serait associé à des réactions plus négatives que Facebook. Et bien que les adolescents aient une plus large présence sur Instagram et Snapchat, l’initiative québécoise ne les moralise surtout pas. «On souhaite mettre le sujet sur la table, affirmer que des enjeux existent et méritent qu’on en discute», insiste le cofondateur du projet.

S’adapter à leur réalité

Bien-être numérique conçoit aussi des capsules vidéo pour rejoindre les jeunes en ligne. L’équipe, qui reçoit du soutien de Chantiers Jeunesse et de TakingITGlobal, est en voie de devenir un OBNL, souhaite développer des ateliers pour d’autres niveaux scolaires. Cependant, l’organisation tient à prendre le temps de développer un contenu pertinent. «C’est important d’avoir une pédagogie adaptée aux personnes à qui on parle, et notre priorité est d’arriver à nous connecter à leur culture et de parler le même langage qu’elles.»

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