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Arnaques 101

Photo: daisydaisy/123RF

«Les fraudeurs sont de plus en plus rusés, organisés, structurés. Autrefois, c’était les hold-ups, les chèques NSF… Aujourd’hui, les arnaqueurs ont des scénarios, des méthodes raffinées pour contacter et voler leurs victimes», assure Francine Laurin, vice-présidente au Groupe Banque TD, en entrevue à Métro dans le cadre du Mois de la prévention de la fraude.

Comment cette gestionnaire peut-elle connaître l’existence de ces mises en scène malhonnêtes?

Parce les clients racontent leurs mésaventures… une fois qu’ils ont été détroussés de leur argent (ou de tout leur argent parfois) par des gens qui voulaient «aller faire soigner leurs enfants à l’hôpital» ou «aider un vieil oncle dans le besoin».

En 2020 au Canada, plus de 69 000 arnaques ont été enregistrées, totalisant 41 000 victimes et des pertes de 107,5 M$. La fraude moyenne était d’environ 262 000$. Avec de tels «rendements», on comprend bien pourquoi cette «industrie» n’est pas à la veille de cesser ses activités!

«Chez TD, nous avons des pratiques à l’interne lorsque des comptes se vident ou quand on voit des gens qui veulent transférer [de grosses sommes] d’argent à l’étranger. On déclare ces cas à la police, on est très à l’affût de ces situations, qu’on prend très au sérieux. On protège nos clients, on a des conversions avec eux et si on a un doute, on lève la main. On les protège contre eux-mêmes dans certain cas», explique Mme Laurin, qui indique voir de deux à trois tentatives de fraude par jour dans le cadre de son travail.

Rien de honteux

Tous ceux qui ont été volés, qu’ils soient tombés dans un piège soigneusement mis en place par un étranger ou qu’ils aient été manipulés par un proche, ont honte de «s’être fait avoir» et de «ne pas avoir su dire non», malgré leurs soupçons.

Le Centre antifraude du Canada n’estime recevoir qu’un faible pourcentage de plaintes de victimes de fraudes au Canada. Cette situation pourrait s’expliquer notamment par l’embarras ou la honte ressenti par les victimes. Les fraudeurs exploitent ce sentiment pour poursuivre leurs activités impunément.

Mais la riposte s’organise. Les contrôles se multiplient et le recours aux technologies accélère les avancées et fait gagner un temps précieux. C’est ainsi, par exemple, qu’une transaction à Montréal suivie d’un achat à Toronto peu de temps après entraînerait le bloquage de la carte et que son détenteur pourrait recevoir un appel de vérification.

Mais l’apport «humain» n’est pas négligeable non plus dans la détection des fraudes.

À la TD, par exemple, le personnel a été formé pour détecter les fraudeurs, tant en personne qu’au téléphone. Par exemple, si l’interlocutrice au bout du fil prétend être une cliente de 70 ans, mais que la voix et le débit ne correspondent pas aux informations que la banque possède sur celle-ci, l’employé de la banque exigera des renseignements supplémentaires ou refusera d’effectuer la transaction.

Plus de 250 victimes par jour au pays

Mars, c’est le Mois de la prévention de la fraude, une «industrie» en croissance, malheureusement.

Pour le seul mois de janvier 2021, les fraudes et arnaques financières ont totalisé plus de 10 millions de dollars – une augmentation de 42% par rapport à la même période l’an dernier – avec plus de 3300 personnes qui ont rapporté avoir été victimes de fraude, d’après Centre antifraude du Canada.

Et la situation empire, selon des données récentes. En d’autres mots: les gens malhonnêtes s’enrichissent davantage chaque jour.

Fin février, 11 266 signalements avaient été rapportés aux autorités par 7646 victimes pour des pertes de 34,6 M$ depuis le début de l’année. Cela représente environ 255 victimes par jour.

L’accroissement des affaires électroniques, la facilité d’obtenir des renseignements personnels sur les réseaux sociaux et l’amélioration des stratégies frauduleuses constituent un vaste terrain de jeu pour les faux sites Web, les arnaques par internet, par courriel ou par téléphone.

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