Soutenez

Être ou ne pas être camionneur

Photo: Métro

Selon le Conference Board, le Canada devra composer avec une pénurie de camionneurs.

Pour cet organisme de recherche, cette pénurie pourrait avoir des conséquences désastreuses. En effet, au cours des dernières décennies, les camions ont remplacé les trains pour le transport de bien des marchandises. Les entreprises manufacturières cherchaient un mode de transport plus flexible, car elles désiraient que leurs marchandises leur soient livrées seulement au moment où elle en avait besoin (juste à temps). Le transport par camion est venu répondre à cette demande, avec comme résultat que 90 % des marchandises seraient aujourd’hui livrées de cette façon. Une pénurie de camionneurs pourrait donc avoir comme effet de ralentir considérablement le rythme des échanges commerciaux.

Au Québec, le nombre de travailleurs a diminué dans l’industrie du camionnage au cours des  dernières années. Selon la dernière estomation des besoins de main-d’œuvre de Camo-Route (2012), il est passé de 43 800 à 38 500, soit une perte de quelque 5 300 travailleurs entre 2005 et 2009, un effet de la dernière crise économique. Mais en 2011 déjà, les employeurs citaient le recrutement comme une de leurs grandes préoccupations, particulièrement celui des camionneurs.

On prévoit en effet que 32,9 % des nouveaux postes créés par l’industrie du transport de marchandises seront des postes de camionneurs détenteurs d’un permis de classe 1, nécessaire pour la conduite des gros semi-remorques.

Plusieurs raisons permettent d’expliquer pourquoi ces postes seront probablement difficiles à combler. D’abord, les nouveaux camionneurs sont souvent des travailleurs autonomes plutôt que des salariés, ce qui signifie qu’ils doivent assumer certaines des dépenses liées à leur travail. Cela réduit leur rémunération. Certains ont suggéré qu’après avoir soustrait ces dépenses, plusieurs d’entre eux éprouvent des difficultés à gagner 20 000 $ par année. S’ils désirent améliorer leur sort, ils n’ont alors d’autre choix que de travailler de longues heures, car ils sont souvent payés sur la base du kilométrage parcouru.

Il ne faut donc pas s’étonner que beaucoup de jeunes boudent le camionnage. Bien qu’il existe un certain mythe autour du métier qui pourrait leur plaire, plusieurs d’entre eux désirent un emploi qui leur permette d’équilibrer travail et vie personnelle. Pas question pour eux de partir plusieurs jours de suite et de travailler des semaines de 70 heures ou plus. De telles conditions sont devenues inacceptables à leurs yeux.

Malheureusement, l’industrie du camionnage n’est pas connue pour ses pratiques novatrices dans le domaine du recrutement, alors qu’il lui faudrait justement faire preuve d’originalité et d’innovation pour attirer les jeunes. En fait, il lui faudrait remettre en question tout son mode de fonctionnement, ce qui n’est jamais une tâche facile.  Elle devrait aussi apprendre à recruter auprès d’autres clientèles, notamment auprès des immigrants.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.