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L’inflation des diplômes

Photo: Métro

De plus en plus d’employeurs embauchent des diplômés des collèges et des universités pour des emplois qui pourraient être occupés par des diplômés du secondaire.

C’est du moins ce qui ressort d’un sondage effectué par Career Builder en novembre 2012 auprès de 400 employeurs du Canada. Environ 36 % des employeurs interrogés ont signalé qu’ils avaient augmenté leurs exigences pour des postes qu’ils comblaient auparavant grâce à des diplômés du secondaire. Ils embauchent donc de plus en plus souvent des diplômés de l’enseignement supérieur pour ces postes.

Les employeurs ont également noté les effets positifs de cette nouvelle pratique sur leur entreprise. Ainsi, 76 % d’entre eux pensent que les diplômés de l’enseignement supérieur fournissent un travail de meilleure qualité, et 45 % d’entre eux ont noté une augmentation de la productivité.

Ce n’est pas la première fois qu’on observe ce phénomène, qu’on appelle l’inflation des diplômes. Lorsque les employeurs ont beaucoup de candidats parmi lesquels choisir, ils augmentent les exigences scolaires liées à leurs postes. Les candidats qui ne possèdent pas les diplômes requis décident alors de retourner sur les bancs de l’école pour les obtenir. Il s’ensuit une spirale inflationniste : le nombre grandissant des diplômés incite de plus en plus d’employeurs à augmenter leurs exigences, ce qui pousse ensuite plus de candidats potentiels à retourner aux études dans l’espoir de se démarquer.

L’inflation des diplômes est un phénomène qu’on s’attend à observer lorsque les emplois sont rares et la main-d’œuvre abondante. Dans cette situation, les employeurs ont en effet beau jeu d’augmenter leurs exigences, car la compétition pour les postes devient féroce. Il est surprenant d’en parler de nos jours, alors que les employeurs se plaignent de la pénurie de main-d’œuvre et que tant d’analystes prévoient des difficultés grandissantes de recrutement au cours des prochaines années. On s’attendrait à l’inverse, c’est-à-dire à ce que les employeurs réduisent leurs exigences, non?

Il est néanmoins possible que l’inflation des diplômes coexiste avec une pénurie de main-d’œuvre. Le nombre de candidats formés a augmenté de façon constante au cours des années. Ainsi, en 1976, 22 % des Québécois détenaient un diplôme collégial et 14 % un diplôme universitaire. En 2009, ces chiffres étaient respectivement de 48 % et de 32 %. Les employeurs peuvent donc augmenter leurs exigences sans crainte.

De plus, les diplômés formés pour les postes les plus en demande sont rares. C’est cette réalité qui fait dire aux employeurs qu’ils font face à une pénurie de main-d’œuvre pour leurs postes-clés. Les diplômés qui ne peuvent y accéder présenteront donc leur candidature pour d’autres postes qu’ils croient pouvoir combler. Comme ils sont alors très nombreux, les employeurs pourront augmenter leurs exigences pour ces postes.

Obtenir un bon diplôme pour décrocher un emploi en demande demeure donc toujours la stratégie la plus sûre!

Surqualification : Le cas de Montréal
Une étude du Cirano présentée lundi met le doigt sur l’origine et les sources de la surqualification dans la région métropolitaine de Montréal. Selon ce rapport, 32 % des travailleurs étaient surqualifiés par rapport à leur emploi en 2011. Ce taux est stable depuis 2006. La surqualification concerne particulièrement les travailleurs de l’industrie de l’hébergement et de la restauration. Jessica Dostie

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