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Le génie du calcul

Photo: Yves Provencher/Métro

La détermination chevillée au corps, Kennet Gaston quitte son Haïti natale pour Montréal. Marche par marche, il se hisse alors jusqu’à une position honorable autant qu’enviable.

Son parcours n’a pas été sans obstacle, mais l’ingénieur senior le relate avec la sérénité propre aux sages. Il immigre au Québec en 2005, diplômé en génie civil d’une université haïtienne, «très enthousiaste à l’idée de poursuivre [sa] carrière». L’emballement retombe après qu’il se confronte à une série d’entretiens d’embauche lors desquels on lui signifie que sans expérience canadienne, aucune chance de décrocher un emploi dans son domaine.

Qu’à cela ne tienne! L’expérience, il va s’organiser pour l’obtenir rapidement. Il intègre le programme Un emploi à ma mesure, alors chapeauté par Emploi-Québec, qui lui permet de décrocher un stage à la Régie du bâtiment du Québec. Sa stratégie est habilement pensée. Quatre semaines durant, il accompagne des ingénieurs inspecter des chantiers. Bâtiments résidentiels ou commerciaux, électricité, plomberie, ascenseurs, etc. Tous les champs d’expertise y passent. «Je terminais chaque journée avec un résumé précis des façons de faire et des attentes dans chaque domaine.» Ingénieuse façon de joindre l’utile à l’agréable: Kennet Gaston parfait ses connaissances et peut couper court à l’argument selon lequel il n’est pas au fait des pratiques locales.

Les portes s’ouvrent. Un cabinet d’architectes le recrute, puis il intègre la firme de génie-conseil BBA, où il restera trois ans avant de «relever de nouveaux défis» chez Cima+. Spécialisé en analyse et calcul de structure, M. Gaston accumule les responsabilités. Développement de projets, direction d’équipe, étude de faisabilité, audit, surveillance de chantiers, rien ne lui échappe. En juin dernier, il joint les rangs de la firme de génie-conseil Cegertec WorleyParsons. Pour de grands projets miniers comme pour des bâtiments résidentiels, l’ingénieur déploie la même rigueur passionnée.

Son permis de membre en règle de l’Ordre des ingénieurs du Québec, Kennet Gaston a dû faire ses preuves pour l’obtenir. Parce qu’il a été formé à l’étranger, l’Ordre étudie son dossier afin de savoir s’il doit passer des examens complémentaires. Verdict: il a droit au maximum requis, soit quatre épreuves techniques! «C’est là tout le défi dans le parcours d’un immigrant», note-t-il. Pour se préparer, il suit un programme de 30 crédits à Polytechnique. En janvier 2010, il décroche le convoité permis. Avec du recul, il convient qu’ajouter Polytechnique à son CV lui a sans doute ouvert des portes.

Demandez-lui s’il est perfectionniste, Kennet Gaston rétorquera qu’il n’abandonne jamais. Parti d’Haïti pour pouvoir «grandir dans [sa] carrière», il entrevoit à présent son avenir professionnel comme «très prometteur». Homme de défis, il réfléchit à la possibilité d’enseigner un module pratique en analyse de structures. «Les logiciels ne font pas tout, il faut l’intelligence de l’ingénieur pour résoudre des problèmes, et ça passe par la compréhension de la structure.»

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration. L’émission de Radio-Canada International Tam-Tam Canada a produit une version radio de ce reportage. Ce dernier est disponible sur le site de RCI.

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