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Ethereum, le concurrent concurrencé

Photo: Getty Images

Âgé d’à peine vingt ans, le programmeur torontois Vitalik Buterin invente en 2014 le protocole d’échanges décentralisés Ethereum, et son token natif l’ether, avec pour l’ambition de devenir le bitcoin-killer en suppléant aux prétendues limites de la mère des blockchains.

On présente depuis généralement Ethereum comme le terreau le plus fertile pour les écosystèmes crypto, notamment au travers de ses smart contracts, ces contrats dont l’exécution est automatisée informatiquement.

Mais Ethereum doit à son tour surmonter d’imposants obstacles s’il veut rester «investissable». Conséquence de la dégradation du marché crypto, en novembre dernier, l’ETH est retombé en dernière marche du podium des plus grosses capitalisations boursières pour la 3ème fois de son histoire.

Passage de sa preuve de travail (proof-of-work) à la preuve de participation (proof-of-stake), inquiétudes quant à la mise à l’échelle (scability) partagées par son créateur en personne, concurrence potentielle d’autres plateformes, inconnue réglementaire… les défis ne manquent pas pour Ethereum.

Avec les milliers d’applications décentralisées (dapps) permises par ses contrats intelligents, Ethereum pourrait devenir un jour le super ordinateur mondial de référence.

Mais les observateurs de la cryptosphère attendent encore la « killer-dapp » qui légitimera à elle seule le recours à Ethereum plutôt qu’à une autre chaîne de blocs.

Malgré les développements significatifs, l’année 2018 n’a toujours pas concrétisé ces attentes. Si l’on se réfère au Top 5 des plateformes d’échanges de dapps développées sur Ethereum, le nombre d’utilisateurs actifs quotidiennement parvenait laborieusement à franchir la barre symbolique des 1.000 unités.

Exemple des vents contraires freinant la nouvelle technologie, le gendarme financier américain était tombé à bras raccourcis sur le fondateur d’EtherDelta, l’une des plus importantes dapps, pour utilisation illicite d’une plateforme boursière.

Pas si intelligents ?

Un manque de diversité des smart contracts menace l’écosystème Ethereum, selon une étude publiée récemment par la Northeastern University et l’Université du Maryland.

La plupart des smart contracts sont des « copies directes ou quasi-identiques d’autres contrats », concluent les auteurs, ce qui constitue un risque de fiabilité si un contrat copié venait à contenir un code erroné ou vulnérable.

Actuellement, la probabilité qu’un contrat soit créé par d’autres contrats est trois fois plus élevée que la création par des utilisateurs.

Plus de 60% des smart contracts n’ont jamais eu d’interaction, moins de 10% des contrats créés par des utilisateurs sont uniques et moins d’1% des contrats issus d’autres contrats sont originaux.

« Cette réutilisation substantielle du code sur Ethereum laisse penser qu’un bug dans un contrat pourrait avoir un impact étendu sur la communauté d’utilisateurs. »

Alors qu’Ethereum profite de l’avantage du pionnier, malgré la solidité de sa communauté de développeurs, l’avance sur ses rivaux risque vraisemblablement de rétrécir, tout comme ses parts de marché se destineraient à fondre.

D’ailleurs, la fameuse transition vers la preuve de participation (PoS) afin de ne plus devoir recourir au modèle du mining, cible des critiques au Québec notamment pour son côté énergivore, soulève de profondes craintes.

Sur papier, la PoS paraît plus économique, en remplaçant les mineurs qui exécutent les algorithmes de hachage par des utilisateurs qui doivent démontrer leur possession d’une part d’Ethereum afin d’être rémunérés pour la vérification des blocs supplémentaires.

Il s’agirait d’une première dans la jeune histoire des blockchains. Une première mal perçue par les fermes de minage et surtout par les industriels qui construisent les équipements nécessaires, les puces graphiques en premier lieu.

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