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Le bitcoin n’est pas idéal pour les criminels

Hacker and bitcoin Photo: iStock Getty

«Bitcoin est une blanchisserie d’argent! Le bitcoin finance le terrorisme!» Ce genre de sanction sans procès s’entend encore fréquemment de nos jours alors que des experts prennent le soin de démontrer le contraire depuis des années déjà.

Prenons par exemple Michael Perklin, ce spécialiste en cybersécurité et directeur de la Blockchain Alliance of Canada (BAC), qui avait partagé ses observations devant le sénat canadien en 2014 sur les crimes numériques.

Depuis dix ans, Michael Perklin mène des enquêtes sur des cas de fraude, de blanchiment d’argent et de vol d’identité réalisés à l’aide des technologies. Qu’il s’agisse de dispositifs classiques, comme les téléphones cellulaires et les ordinateurs, ou de dispositifs de pointe, à l’instar des virus informatiques ou des maliciels conçus pour voler des bitcoins.

«La technologie des cryptomonnaies a un impact sur le processus d’enquête utilisé par les banques et les sociétés. Que le bitcoin puisse être utilisé pour blanchir de l’argent ou comme instrument dans la perpétration d’un acte criminel est un fait», avait-il déjà souligné.

Mais l’expert en cybersécurité a tenu tout aussi rapidement à émettre des nuances, en rappelant qu’on peut en dire autant des dollars canadiens, des cartes prépayées, des cartes cadeaux et de tout bien de valeur, qu’il soit de nature physique ou numérique.

Il a précisé qu’«il y a d’importantes différences dans le fonctionnement de la technologie de la cryptomonnaie, qui procure des avantages aux enquêteurs pour mieux garantir l’observation des lois applicables».

Michael Perklin a insisté sur l’une des plus grandes différences : la traçabilité immuable.

Le protocole Bitcoin consiste à inscrire chacune des transactions et à suivre la circulation de chaque jeton d’une adresse à l’autre du réseau. Toute cette information est conservée dans un grand registre commun. Si on peut suivre le trajet d’un jeton d’une transaction à l’autre dans ce grand livre jusqu’à la toute première transaction, le bitcoin est authentifié.

Ces grands livres, ou chaînes de blocs, peuvent être lus par tous. Chacun des numéros de compte est inscrit dans la liste comme une adresse et leur solde peut être facilement calculé par l’addition des transactions.

«En conséquence, l’enquête sur la circulation de l’argent provenant de toute transaction supposément illégale peut être aussi simple que lire une feuille de calcul. Il n’y a pas de délais de deux à quatre semaines et il n’est pas nécessaire de recueillir les transactions de multiples grands registres de divers établissements bancaires. Ce mécanisme expose les mouvements de fonds au grand jour et fait des cryptomonnaies, comme le bitcoin, l’une des formes de valeur les plus facilement retraçables qui soient », assure Michael Perklin.

Il est d’ailleurs faux de penser que Bitcoin est anonyme, le propriétaire d’un compte pouvant être retrouvé grâce à diverses techniques d’enquête.

«Il faudra certes faire un effort pour les identifier, mais la tâche n’est pas insurmontable. Par exemple, l’adresse IP utilisée pour effectuer une transaction nous permet de déterminer si le compte est associé à une résidence, à une entreprise», a mentionné l’expert.

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