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Dimanche, la soirée des cassettes électorales

La soirée est encore jeune Photo: ICI ARTV / Capture d'écran

Dimanche, c’était la première de la deuxième saison de La soirée est encore jeune sur ICI ARTV et un peu après la deuxième de la nouvelle saison de Tout le monde en parle. Deux chaînes, un seul diffuseur et, surtout, un même sujet : la présence de quatre aspirants-chefs au Parti Québécois.

Jean-François Lisée, Martine Ouellet, Alexandre Cloutier et Paul Saint-Pierre Plamondon étaient présents sur les deux plateaux. La soirée est enregistrée samedi et Tout le monde en parle jeudi, les deux émissions étaient donc en différées, permettant à la «magie de la télé» de nous offrir sensiblement le même contenu à deux moments différents.

C’était spécial … et pas forcément dans le bon sens du terme.

Comprenez-moi, j’ai déjà une dent contre les politiciens actifs à la télévision : ils ne disent jamais rien, ou du moins, jamais rien de compromettant. Tout le monde est beau, propre et gentil, c’est aseptisé au possible et, faut se le dire, aussi insignifiant que frustrant. Un débat à la chefferie ne fait pas exception à la règle, car les candidats, de toute façon, évitent les questions.

Ils les évitent comment? En sortant leur cassette préconçue avec une équipe de relation de presse dès qu’un mot clé déclencheur se pointe le bout du nez.

Immigration? J’ai une ligne pour ça. L’indépendance? J’ai une ligne pour ça. L’emploi et l’énergie propre? J’ai une ligne pour ça. Mon parti se meurt? J’ai vraiment plusieurs lignes pour ça.

À Tout le monde en parle, nous avons l’habitude. Les questions de Guy A. sont justes et les politiciens ont l’habitude de les retourner sans faire de vagues. Après tout, c’est un art répondre sans répondre à des questions précises.

Mais sur le plateau plus délinquant de La soirée est encore jeune, l’utilisation de la cassette détonait tellement qu’on se demande si les politiciens eux-mêmes s’écoutent parler quand ils appuient sur «play» dans leur tête avant de débiter leurs lignes.

Alexandre Cloutier est le moins subtil du lot, lui qui a même été taquiné par Jean-Philippe Wauthier après une réponse particulièrement hors sujet à une question pourtant très simple. Cloutier, la plupart du temps, utilisait le micro pour s’adresser à une foule imaginaire, quelque part dans le ciel au-dessus du bar Chez Roger, là où est enregistré l’émission.

Remarquez, les autres n’étaient pas moins agaçants avec leurs réponses, sauf qu’ils avaient au moins la présence d’écouter la question et faire un semblant de lien avec celle-ci avant d’embrayer sur les lignes déjà écrites.

Si vous avez visionné les deux émissions en soirée hier, la redite était agaçante. Presque mot pour mot, mais à des endroits différents.

C’est dommage, parce que sur le plateau convivial de La soirée est encore jeune avec un Jean-Martin Aussant juste assez critique pour appuyer le tout, ça aurait pu être une bonne idée ce débat et de la bonne télé. Mais les candidats ne jouent pas le jeu. On leur offre un beau cadre flexible dans lequel ils pourraient s’amuser et réellement démontrer la pertinence de leur candidature à un public plus jeune, mais au lieu de ça ils se cachent nerveusement derrière des vieilles façons de faire de la politique et ils récitent leurs belles idées théoriques, comme un perroquet à qui on a appris à dire «bonjour» et «biscuit» quand quelqu’un s’approche de sa cage.

Une fois de plus, tenir ce débat à la télé était une fausse bonne idée. Rendus là, les candidats pourraient simplement nous envoyer un .PDF avec les grandes lignes de leur course. Ça sauverait du temps, de l’argent et le résultat serait sensiblement le même … et ça nous épargnerait les jokes de mononcles de Jean-François Lisée.

Tout le monde gagnerait.

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