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Iqaluit: La nécessité de connecter

Photo: Les Films Séville

L’appel du Nord s’est encore fait ressentir pour le cinéaste Benoit Pilon, qui est retourné à Iqaluit pour son nouveau film.

C’est en tournant son œuvre phare Ce qu’il faut pour vivre il y a une décennie que Benoit Pilon a découvert Iqaluit. Un endroit unique au Nunavut qui devient le théâtre de son nouveau long métrage.

Le réalisateur québécois orchestre dans cette «utopie urbaine» une rencontre improbable entre une femme de Montréal (Marie-Josée Croze) et des Inuit. « C’est un peu une métaphore de tout notre rapport aux gens du Nord, indique en entrevue le metteur en scène, qui signe ici son premier scénario de fiction en solo. On pense que ça ne nous regarde pas, mais avec le réchauffement climatique et la réalité, on est beaucoup plus liés à tout ça que ce qu’on veut bien s’imaginer.»

Le point de jonction entre ces deux univers aux antipodes est Gilles (François Papineau), un travailleur victime d’un terrible accident qui oblige son épouse Carmen à se rendre à son chevet à Iqaluit. Du suspense policier sur la tenue exacte des événements, on passe rapidement à une enquête intime et introspective, avec une héroïne qui se fait heurter de plein fouet par le territoire, la lumière et le rythme de vie. Un sentiment d’isolement qui se résorbe à mesure qu’elle connecte avec son environnement et qu’elle communie avec le monde qui l’entoure, que ce soit avec Noah (Natar Ungalaaq) ou avec sa famille.

«J’essaye de faire un cinéma qui est réaliste, mais lyrique. Qu’il y ait à certains moments quelque chose de purement sensoriel qui nous touche sans qu’on soit dans le narratif. Ce n’est pas [comme le cinéaste Theo] Angelopoulos, mais j’aime penser qu’il y a des petits moments d’émotions de lui.»  – Benoit Pilon, réalisateur d’Iqaluit

De cette sombre tragédie truffée d’incompréhensions, de colère et de mensonges naît quelque chose de lumineux, qui changera à jamais l’existence des personnages principaux. «La vie ressemble à ça aussi, fait remarquer l’acteur François Papineau. Parfois, dans les épreuves, on est allé assez loin chacun de notre bord pour pouvoir se réconcilier ou faire quelque chose de constructif. Même si la blessure de chacun n’est pas guérie, à partir du moment où tu accèdes à une certaine sagesse par la vérité, la paix peut arriver.»

Vivre ensemble
Depuis quelques années, les films québécois et canadiens qui abordent les relations avec les peuples autochtones se multiplient, que ce soit Avant les rues, Le dep, Angry Inuk et bientôt Tuktuq.

Une situation qui est loin de déplaire au cinéaste Benoit Pilon. «On ne se connaît pas, on ne se parle pas, on entend toujours parler de leurs histoires pour les mauvaises raisons, affirme-t-il. Qu’il y ait une curiosité envers ces gens-là, c’est normal. C’est bien qu’eux racontent leurs histoires, leurs espoirs, leurs rêves, leur imaginaire, et que nous-mêmes racontions des histoires où nous entrons en contact avec eux. C’est ça vivre ensemble.»

En salle ce vendredi

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