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Cigarettes et chocolat chaud: une enfance différente

Photo: MK2|Mile End

La famille s’échappe de son moule dans le lumineux Cigarettes et chocolat chaud, de Sophie Reine.

Le titre évoque une chanson de Rufus Wainwright sur un homme qui doit s’accepter avec ses qualités et ses défauts. Un type à l’image de Denis (Gustave Kervern), un père désordonné qui tente d’élever seul ses deux filles. Comme dans Captain Fantastic et Demain tout commence, la société lui demandera de rendre des comptes et il devra suivre un stage parental afin de ne pas perdre la garde de sa progéniture.

«Ces stages ont été créés sous Sarkozy, éclaire la cinéaste Sophie Reine, jointe en France. Au lieu d’avoir un suivi avec un assistant social, ce gouvernement-là a décidé de créer des stages d’une semaine – comme un stage d’apprentissage du tricot – où on apprend à l’aide d’exercices à mieux comprendre ce qu’est la parentalité. C’est souvent des méthodes de coaching qui sont prises dans le milieu de l’entreprise.»

Ce premier long métrage à saveur biographique – la réalisatrice a grandi avec un singe et une chèvre – n’est cependant pas un pamphlet social dans la veine de ceux de Ken Loach. Il est marqué par une facture visuelle qui rappelle Little Miss Sunshine et qui s’adresse à toute la famille. Un sujet sensible traité sous l’angle de la comédie absurde et décalée.

«On m’a donné une certaine forme de vision de la vie où rien n’est vraiment grave. Quand ma mère est décédée, mon père ne m’en a jamais parlé. Il utilise toujours des allégories et des paraboles. Du coup, je suis comme ça.» – Sophie Reine, réalisatrice de Cigarettes et chocolat chaud

«Je suis comme ça dans la vraie vie, concède la metteure en scène. Le film me ressemble. C’est un peu décousu, farfelu et en même temps, il y a des grands moments de tristesse et d’émotion.»

Monteuse depuis plus de 20 ans  (elle a remporté un César pour Le premier jour du reste de ta vie), Sophie Reine a décidé d’utiliser son expérience à bon escient… ce qui s’est parfois retourné contre elle!

«Le montage a été le moment le moins marrant, se souvient la créatrice. J’avais envie de tout mettre à la poubelle. Mes monteuses m’ont aidée à construire le film tel qu’il est aujourd’hui. À part Xavier Dolan, qui est un génie, j’ai l’impression que le monteur amène du recul. Je n’aurais pas aimé être toute seule face à mes images.»

Bowie est partout
L’ombre de David Bowie plane sur Cigarettes et chocolat chaud, berçant par ses mélodies intemporelles, offrant le nom de Ziggy au cochon d’Inde éternel de la famille. «Je trouvais que c’était le roi de la différence, confie la cinéaste Sophie Reine. On ne pensait jamais pouvoir utiliser ses chansons parce qu’on n’avait pas d’argent. Mais il a accepté… Il est décédé alors qu’on était en montage. Ç’a été vachement dur, parce qu’on a vécu avec lui pendant très longtemps.»

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