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L’amoureuse des mots, Kim Thúy

Photo: Sarah Scott

Kim Thúy, qui avait remporté le Prix Archambault pour son premier roman, Ru, en 2010, en est la porte-parole cette année. Entretien avec une passionnée.

Lorsque Kim Thúy a commencé son premier roman, elle voulait tout simplement écrire. Elle ne s’imaginait même pas que le résultat allait donner un roman, alors si vous lui aviez dit qu’elle allait gagner six prix, dont celui du Gouverneur général…

Pourtant, ces récompenses lui ont permis de valider son statut d’écrivaine. «C’est comme un bijou qu’on porte, explique l’auteure d’origine vietnamienne. À la fin de la journée, quand on se couche, ça ne change pas grand-chose, mais quand un rayon de soleil frappe le diamant, c’est vrai que ça brille!»

C’est ce rayonnement qui lui a permis, depuis 2010, de s’arrêter pour écrire à temps plein. «Ça permet de ne pas avoir à courir à gauche et à droite pour remplir son frigo, et ça nous encourage à continuer. Et dans mon cas, ça m’a enlevé – un peu – cette culpabilité que j’avais à rester à la maison au lieu d’aller travailler», confie-t-elle, sourire en coin.

L’auteure de Ru avoue pourtant ne pas avoir lu autant qu’elle l’aurait souhaité. Celle qui a notament été couturière, avocate, traductice et restauratrice avant d’écrire son premier roman confie qu’elle n’a jamais suivi de formation littéraire. «Je suis très contente de pouvoir avoir cette chance d’être porte-parole du prix pour pouvoir parler du livre et pouvoir dire : c’est pas grave si on n’est pas un grand lecteur.»

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Car l’important, pour Kim Thúy, est qu’on parle davantage de littérature. Cet art qui devra toujours se battre pour exister, croit l’auteure, parce qu’il est plus exigeant qu’un film, par exemple. «Quand on lit le mot “pomme”, par exemple, chacun d’entre nous va avoir une image différente de la pomme. Alors qu’au cinéma, si on montre une pomme, ce sera la version du réalisateur. Nous n’avons pas besoin de l’imaginer.»

La lecture est donc plus exigeante, puisqu’elle oblige à faire un effort d’imagination. «Mais la pomme qu’on a imaginée nous parle plus que celle du réalisateur. Et pour moi, la littérature, c’est ça. C’est permettre d’écrire notre propre histoire.» Et c’est pour cette raison que la littérature va toujours exister, même si elle doit jouer du coude pour assurer sa place. «L’humain a besoin de stimuler son imagination, de faire fonctionner les deux hémisphères de son cerveau», précise Kim Thúy.

Le Grand Prix littéraire Archambault est donc une excuse pour parler du livre, pour rappeler son existence, croit l’écrivaine. «C’est une étagère pour présenter le livre, ce sont les mains qui portent le livre jusqu’au lecteur, image-t-elle. Si je gagnais 50 M$ à la loterie, la première chose que je ferais est de créer un prix littéraire!»

Les finalistes du 12e Grand Prix littéraire Archambault seront connus au début du mois de novembre. Le grand gagnant sera dévoilé en janvier 2013.

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