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Kid Koala se prend au jeu

Kid Koala vient de mettre les pieds dans le monde du jeu vidéo indépendant comme concepteur musical du jeu de breakdance Floor Kids. Avec l’enthousiasme et l’émerveillement continuel qui font sa réputation, le Montréalais d’adoption a raconté à Métro son incursion dans cet univers, dont l’ambiance lui rappelle ses débuts comme DJ.

Kid Koala porte bien son nom d’artiste : le DJ, Vancouvérois d’origine, semble être constamment fasciné par ce qui l’entoure, à la manière d’un enfant. «C’est fou! Je suis un peu dépassé par les événements, mais j’adore ça», explique Eric San, de son vrai nom, joint au téléphone alors qu’il participait à au congrès de jeu vidéo indépendant PAX East, à Boston. C’est la première fois qu’il écrit la musique

d’un jeu vidéo, et c’est avec le jeu indépendant Floor Kids du studio Hololabs qu’il a fait ses premiers pas.
Le concepteur du jeu, JonJon, lui-même breakdancer, a voulu rendre un hommage à sa discipline avec sa nouvelle création, qui s’apparente, selon Kid Koala, à Tony Hawk Pro Skater 2 : le joueur doit enchaîner des mouvements pour créer des combos et ainsi faire des points.

Rien n’existait, ou presque, lorsque JonJon a présenté le concept au DJ. «Il n’y avait que des dessins des endroits où allaient se dérouler les battles et quelques personnages, se remémore Kid Koala. Je devais créer de la musique qui s’agençait avec ça, et ma musique allait influencer la manière dont le jeu allait se développer.»

C’est le côté ludique de la proposition qui l’a attiré, affirme-t-il. «Je n’ai jamais souhaité faire un album de danse, mais lorsqu’on me l’a proposé comme un projet de jeu vidéo, c’est devenu intéressant. À la blague, je dis que ça m’a pris 30 ans et 6 albums pour en faire un sur lequel on puisse danser!» s’amuse à raconter celui qui a fait des tournées avec des artistes comme Radiohead, Beastie Boys, et Arcade Fire.

Si Eric San a déjà contribué à des bandes sonores de longs métrages bien connus comme Scott Pilgrim vs the World ou Baby Driver, il n’avait encore jamais fait la conception musicale d’un jeu vidéo. Tout doit avoir un son, du changement de menu à la sélection d’un personnage : c’est ainsi que le joueur comprend que son action a une conséquence. «Il y a une partie d’incertitude, parce qu’on ne sait pas ce que le joueur va faire, fait-il remarquer. C’est très différent de la conception d’un album – en fait, je crois que j’ai fait le travail de trois albums pour ce jeu!»

Comme un parfum de nostalgie
C’est par le biais de Floor Kids qu’Eric San est entré dans le monde du jeu vidéo, une véritable révélation pour celui qui fait de la musique et de l’illustration depuis trois décennies maintenant.

«J’adore l’énergie. Tout le monde a cet optimisme qui me rappelle quand j’ai commencé à faire des soirées comme DJ», s’émerveille-t-il.

Plus précisément, c’est l’univers du jeu indépendant qui rend Kid Koala nostalgique. «L’arrivée de nouveaux programmes qui permettent à n’importe qui de créer un jeu, ça me rappelle quand j’ai eu mon premier enregistreur quatre pistes, ou quand j’ai eu ProTools [un logiciel de traitement audio]. Soudainement, tout devient possible et peut s’exprimer sans qu’on ait de vastes sommes d’argent ou un studio. Les développeurs indépendants, aujourd’hui, ont les outils qui leur permettent de faire un produit professionnel, comme les DJ autrefois.»

Kid Koala a eu cette épiphanie au milieu du congrès PAX East. «Je marche ici, maintenant, et je reconnais l’amour que ces gens ont pour leurs rêves, pour la réalisation de leurs rêves», dit-il.

DJ de la vieille école, il utilise des échantillons de musique sur des disques vinyles, qu’il fait scratcher sur des tables tournantes. C’est un style qui a été popularisé par les beats des rappeurs des années 1990. «Il y a un amour de l’expression de soi, autant dans le breakdance et le scratch que le hip-hop. Le but est de trouver ta propre voix, d’essayer de s’élever mutuellement», raconte Eric San.

«J’ai commencé au piano­ classique. Le but, c’était de maîtriser de la musique écrite il y a 200 ans. Quand j’ai commencé avec les tables tournantes, le milieu du scratch venait de naître, dans les années 1970. Le but, c’était alors d’ouvrir des portes, de voir jusqu’où ça pouvait aller.» – Eric San, alias Kid Koala

La communauté
Plus que la technique, c’est l’esprit de collaboration qui a rassemblé les artistes de scratch. «Peut-être que c’était parce que nous faisions de la musique qui ne jouerait jamais à la radio, mais c’était tellement ouvert, tout ce qui importait, c’était ton dévouement à créer ton propre son, précise-t-il. Je retrouve tout ça ici.»

Comme avec sa communauté de DJ, une synergie s’est installée rapidement entre Eric San et les développeurs durant le processus de création de Floor Kids. «C’était comme une ruche, on était synchronisés. Je devenais tour à tour codeur, animateur, musicien; on s’échangeait les rôles et on commentait le travail des autres», raconte-t-il.

«De plus en plus, je suis enclin à travailler en équipe, affirme Kid Koala. Les développeurs m’ont donné des idées et je leur ai donné des pistes de solution. Le but, c’était de faire quelque chose d’excitant. Je me sentais comme si on faisait une pièce de théâtre : il y a un metteur en scène, mais c’est une conversation.»

Floor Kids, d’ailleurs, a reçu un accueil enthousiaste de la communauté du breakdance, assure Kid Koala. «Les gens me disent qu’ils sont heureux parce qu’ils peuvent jouer avec leurs enfants, ils peuvent leur apprendre les mouvements, et les petits s’essaient même à un peu de break», s’exclame-t-il. C’est aussi la communauté qui a voulu avoir la bande sonore sous forme d’album.

Kid Koala devient très énervé à l’idée de son spectacle. Le début de la tournée nord-américaine a eu lieu hier au Théâtre Corona, à M­ontréal. Le Vaudeville d’Eric San comprend une arcade mobile, avec laquelle on peut jouer à Floor Kids, plusieurs DJ et beaucoup d’énergie.

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