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Steve Hill: Pour l’amour du blues et de la scène

Photo: Josie Desmarais/Métro

Après 25 ans de carrière et presque 3 000 spectacles, il était presque anormal que Steve Hill, porte-étendard du blues au Québec, n’ait pas publié d’album live.

C’est maintenant chose faite avec The One-Man Blues Rock Band, qui immortalise ses prestations d’homme-orchestre devant public.

(Pour ceux qui n’auraient pas eu le mémo, depuis 2012 et la parution de Solo Recordings Volume 1, Steve Hill fait tout, tout seul. Appliquant à la lettre le proverbe voulant qu’on ne soit jamais mieux servi que par soi-même, il assume, en plus de ses rôles de guitar hero et de chanteur, les fonctions de percussionniste et d’harmoniciste. Tout cela en même temps, en studio comme sur scène. On ne sait pas comment il fait, mais c’est très impressionnant.)

Perfectionniste dans l’âme, l’artiste de 44 ans a tergiversé pendant des années avant d’obtenir «la bonne take», l’enregistrement parfait devant public.

«J’ai fait neuf albums studios et, entre eux, j’ai enregistré et mixé des shows dans le but de sortir un album live. Je ne les ai jamais sortis parce que je n’étais pas pleinement satisfait, admet le guitariste. Ce n’était jamais à mon goût: les tempos étaient trop rapides, ma voix n’était pas correcte, le ton des guitares n’était pas le bon, les gars du band faisaient des erreurs…même s’il y avait de bonnes choses, j’abandonnais tout le temps le projet et je retournais en studio.»

Après avoir tenté l’expérience dans des salles d’envergure comme le Club Soda ou l’Impérial, c’est finalement dans la simplicité du Centre d’art La Chapelle, à Québec, le 30 novembre 2017, que tout est tombé en place.

«C’était une soirée magique C’est une salle très intime, moins de 200 places. Mes fans sont très nombreux là-bas. Le spectacle était sold-out depuis six mois. Le public était en feu.»

Sans pression sur les épaules, il a donc pu enflammer la foule à sa guise, alternant ses hits blues rock comme The Collector avec des pièces plus calmes aux accents folk comme Out of Phase ou Tough Luck.

Le tout sonne comme une tonne de briques, à tel point qu’on en oublie souvent que l’artiste est seul en selle.

«Je n’avais aucun stress, contrairement au Club Soda et à l’Impérial, où j’avais un gros payroll, des gens qui filmaient le spectacle, en plus de ceux qui l’enregistraient. Les rythmes étaient bien assis et l’enregistrement était bon. C’était f****** right on, bien plus que dans mes albums studios, à cause de l’expérience que j’ai pris dans les dernières années», résume le musicien de Trois-Rivières.

Même s’il est loin d’être un débutant (il gagne sa vie comme musicien depuis 1993), il aura fallu un certain temps pour que Steve Hill maîtrise parfaitement sa nouvelle formule solo.

«Le tempo, c’est primordial, insiste-il en citant Michel Pagliaro, dont il a été le guitariste pendant quelques années. Si c’est un peu trop vite, tu n’as plus de groove. Une chanson existe seulement à un certain tempo. C’est ce qui a été le plus dur dans ce projet de one man band. Oui, on peut fesser sur des percussions avec ses pieds et jouer de la guitare en même temps, mais de là à devenir un vrai batteur qui tient un beat et le bon groove… c’est long.»

Comme nombre de bluesman avant lui, il a gagné ses galons de multi-instrumentiste
en tournée, au Québec, mais aussi en Europe, où sa carrière roule à fond de train.

«Tu deviens une machine qui se concentre uniquement sur ça. J’adore ça, et ç’a fait des miracles pour mes tempos, je suis devenu bien steady. Je me sens intérieurement comme un drummer.»
Trente-deux spectacles en 35 jours en Angleterre. Dix-neuf en 20 jours en Allemagne. Sept mille kilomètres à parcourir. Les chiffres peuvent donner le tournis, mais Steve Hill est comme un poisson dans l’eau en tournée.

«L’Angleterre (où il tourne en ce moment même) et l’Allemagne sont les deux endroits au monde où le blues rock fonctionne le mieux. Ce sont les meilleurs marchés. J’y reçois des critiques hallucinantes, mieux qu’ici», raconte-t-il à propos de son aventure européenne, qui le mènera également en France, en Espagne et aux Pays-Bas.

«Le Québec, ce n’est pas le paradis du blues rock, on ne se contera pas de menteries. Mes affaires vont bien, mes salles sont pleines, mais je ne suis pas dans le mainstream. C’est ce que j’ai voulu. Je n’ai pas voulu être une vedette comme Éric Lapointe. J’ai voulu une carrière où je pouvais faire beaucoup de tournées, visiter plein de places. C’est en plein ce que je voulais.»

Steve Hill aura aussi visité une multitude de styles qui se retrouvent tous sur The One-Man Blues Rock Band. Si le blues est toujours au cœur du projet, le hard rock, le country, le folk, voire le stoner rock ne sont jamais loin.

«J’ai toujours suivi mon coeur, je n’ai jamais abordé un style parce que c’était à la mode, assure celui qui a joué en première partie de légendes comme Ray Charles ou ZZ Top. On n’a pas le choix de se réinventer. Je me suis réinventé souvent, c’est pour ça que ça marche. C’est clair que, si je faisais la même chose qu’il y a 21 ans, je n’aurais peut-être pas de carrière.»

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