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Je cherche une maison qui vous ressemble: À la recherche du rêve collectif

Photo: Josie Desmarais/Métro

Évoquant le grand amour qui unissait Gérald Godin et Pauline Julien, Je cherche une maison qui vous ressemble transmet la vitalité d’une période charnière de l’histoire québécoise.

La comédienne Catherine Allard s’intéresse au couple Godin-Julien depuis presque 10 ans. De près ou de loin, leur force d’âme l’a accompagnée à différents moments de sa vie, même avant sa naissance.

En 1967, au Manitoba, un jeune homme entend pour la première fois la voix de Pauline Julien à la radio. Sa langue et son énergie débordantes le poussent à déménager à Mont­réal. L’existence suit son cours jusqu’au jour où sa fille, Catherine Allard, entreprend de perpétuer ce lien entre sa famille et l’artiste.

En lisant et en écoutant des documentaires sur la chanteuse, Catherine Allard savait déjà que Pauline Julien est indissociable du journaliste, politicien et poète Gérald Godin, son compagnon pendant près de 35 ans.

«Pauline et Gérald représentent une soif pour la liberté, à la fois à l’intérieur de leur couple et dans leur engagement social. Pour eux, la vie devient meilleure quand on se donne à plus grand que soi», explique Catherine Allard.

Fascinée, la comédienne demande l’aide de l’auteure Marie-Christine Lê-Huu pour porter leurs passions sur les planches du théâtre.

Le récit commence avec un homme et une femme vivant en 2018. Le duo, interprété par Catherine Allard et Gabriel Robichaud, cherche moins à imiter leurs prédécesseurs qu’à dégager les valeurs qu’ils ont véhiculées. Sur cette trame biographique, le metteur en scène Benoît Vermeulen brode les chansons et les poèmes qui ont jalonné le parcours des militants.

La fébrilité d’une époque
Dans un condensé d’une heure et demie, la pièce plonge dans l’effervescence qui a porté le Parti québécois de sa naissance jusqu’au référendum de 1980. Dans ce contexte bouillonnant, le couple Godin-Julien ne prétendait pas détenir la vérité absolue, mais prenait la parole «sans aucune honte» sur des enjeux comme le nationalisme et le féminisme.

«Gérald et Pauline voulaient se réapproprier leur espace et leur vie. Pendant la Révolution tranquille, il y avait tant à faire à propos de l’éducation, de la santé et de l’émancipation des femmes. Il fallait rattraper le retard accumulé après la fin de l’ère Duplessis. Ça a donné lieu à une explosion d’affirmation», décrit Catherine Allard.

À partir de la fiction historique, l’œuvre pose un regard inquiet sur l’avenir. «Aujourd’hui, la vision rassembleuse du Québec s’est perdue. Le rêve collectif, on le cherche, je trouve. Les gens se réunissent toujours, mais on est dans une époque plus individualiste», déplore Catherine Allard.

Au-delà de la nostalgie, un désir de renouveau pour le présent se dégage de  la pièce. «Pauline et Gérald parlaient d’immigration et de diversité bien avant le temps. Ils étaient fiers d’être Québécois pour mieux aller vers l’autre. Maintenant, j’ai bien peur que s’affirmer soit synonyme de rejeter la différence, alors que les deux allaient ensemble autrefois», observe l’interprète.

Au tomber du rideau, Catherine Allard espère renouveler l’intérêt des admirateurs de longue date, tout en attisant la curiosité des jeunes qui ne connaissent peut-être le couple que de nom, coincé dans une mention de manuel d’histoire. À l’aube d’un nouveau gouvernement, en fredonnant la musique de La Renarde, les spectateurs se surprendront peut-être à dessiner les contours d’un projet commun.

Je cherche une maison qui vous ressemble est présenté du 10 au 29 septembre à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier

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