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Will Driving West: tout arrive à point à qui sait attendre

Photo: Maude Touchette/Métro

Le calme après la tempête. C’est ce que vivent à présent les membres du groupe Will Driving West, après avoir traversé une série d’épreuves qui les a menés à la création de leur quatrième album, le bien nommé Silence.

L’année 2018 aura été celle où «tout s’est mis à bien marcher» pour le groupe indie-folk-rock montréalais. Après «un gros vide» de trois ans, les astres se sont finalement alignés.

«En janvier, on ne savait même pas où on allait enregistrer l’album ni comment le financer, et là, enfin, on le sort!» lance David Ratté, chanteur et parolier de la formation, visiblement soulagé.

Si la plupart des artistes québécois francophones ont une dent (avec raison) contre Spotify pour les faibles redevances qu’ils en récoltent, Will Driving West peut remercier la plateforme d’écoute en ligne, qui a sélectionné une de ses pièces instrumentales sur une populaire liste de lecture.

«Ça a payé l’album! s’enthousiasme David Ratté. Je ne pensais jamais que ça allait marcher!»

Dans les jours suivant cette bonne nouvelle, la cinéaste Louise Archambault a donné le feu vert au groupe pour qu’il compose la trame sonore de son prochain film, Il pleuvait des oiseaux, dont la sortie en salle est prévue pour 2019.

«L’année 2018 a été vraiment bonne, réitère le chanteur, rencontré en compagnie de sa complice sur scène et dans la vie, Andréa Bélanger. On a “pogné” le mur à la fin de 2017, et ça a viré de bord!»

«Pogner» le mur, entre autres, comme dans changer de guitariste (deux fois plutôt qu’une), et comme dans dépenser une partie importante (et imprévue!) de leur budget pour réparer des disques durs brisés en studio.

«On se demandait comment on allait réussir», résume-t-il.

C’est maintenant chose faite. Trois ans après l’album FlySilence est finalement offert. Pour un groupe qui avait auparavant conçu trois albums en quatre ans, l’attente a été longue.

Mais le temps a également permis au groupe de porter une attention particulière aux détails. «C’est le premier album pour lequel on a vraiment tout fait pour n’avoir aucun regret», dit David Ratté.

«On a fait écouter l’album à quelques proches avant sa sortie, et ils ont tous dit: “La 25e écoute est la meilleure”.» –David Ratté, chanteur de Will Driving West, qui estime que Silence est un album demandant à être apprivoisé

Faute de moyens, les musiciens avaient auparavant parfois dû «tourner les coins rond». Amusée, Andréa Bélanger se souvient de séances d’enregistrement dans un garde-robe avec des sacs de couchage sur les murs en guise de pare-sons.

Ce fignolage s’entend dans les arrangements de cordes riches et complexes qui enrobent Silence. Les musiciens Camille Paquette-Roy, Benoit Caron et Vincent Perreault y ont beaucoup contribué, insistent les deux têtes d’affiche de Will Driving West.

«Ça a vraiment été un travail d’équipe. Je suis amoureux de mon band!» lance David Ratté tout sourire.

Le yin et le yang
Cet album est habité par une dualité, qu’on sent autant dans la musicalité que dans les textes. Sans s’éloigner du folk aérien de ses débuts, la formation s’est permis d’appuyer plus fort sur la pédale sur quelques pièces, et de mettre de l’avant des guitares électriques lourdes.

Rencontrés au lendemain de leur spectacle de lancement, les deux musiciens sont ravis de la transposition de ce nouveau son sur scène. «J’aime ça, en show, qu’on navigue entre le doux et le fort. Ça prend le yin et le yang. Ça garde les spectateurs sur un pied d’alerte», commente David Ratté.

Les textes, tous de sa plume, sont également imprégnés de cette dualité. Sur The Watcher, le chanteur demande tour à tour: «Who’s the loud one?» et «Who’s the soft one?».

«On a deux entités en nous, une plus sage et silencieuse, et l’autre qui veut prendre de la place, qui veut de l’attention. Dernièrement, j’ai choisi d’être plus silencieux. Je n’ai plus envie de participer à tous les débats sur Facebook et de partager plein de photos sur Instagram. Mais c’est contradictoire, parce que je dois faire la promotion de mon band indépendant!»

Anchors, premier titre de l’album, met la table en parlant de déceptions, de nuits sans sommeil, d’insultes et de regrets, notamment.

Ça sonne un peu déprimant, tout ça, mais Anchors («ancres» en français) symbolise autant «ce qui nous empêche de voler que ce qui nous garde ancré», dit-il, avant d’ajouter: «Encore le yin et le yang.»

Après quatre albums, le nom de Will Driving West n’est toujours pas familier pour plusieurs Québécois, bien que le groupe puisse compter sur des fans fidèles depuis ses débuts, en 2011.

Un critique l’a récemment qualifié de «secret le mieux gardé de la scène montréalaise».

Ce relatif anonymat lui convient, bien qu’il ne refuserait pas davantage de reconnaissance. L’image sur la pochette de Silence, qui montre une personne flottant dans une bulle autour d’une planète, illustre d’ailleurs comment les musiciens se perçoivent dans l’industrie de la musique.

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