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Franck Dion présente son film Edmond était un âne

Photo: papy 3d productions/onf

Le réalisateur français Franck Dion est de passage à Montréal pour présenter Edmond était un âne, court métrage ayant remporté le prix spécial du jury au dernier festival d’Annecy.

Tout a commencé par un dessin que Franck Dion avait fait spontanément, sans trop savoir où il allait, d’un personnage qui portait sur la tête un bonnet d’âne en papier et qui semblait très content et fier de lui. «Ça m’a semblé intéressant, cette idée d’un type qui serait fier d’être un âne, puisque c’est un animal qui a une connotation très péjorative en France», souligne le réalisateur. C’est ainsi qu’est né Edmond était un âne, le troisième court métrage d’animation du cinéaste français, qui raconte l’histoire d’un homme, Edmond, que tout le monde trouve bizarre et tourne en bourrique (!) parce que, justement… il se prend pour un âne.

«Ça s’est recoupé avec un documentaire sur les ânes pour lequel j’avais fait des animations, il y a une quinzaine d’années, se souvient Franck Dion. Au début, le sujet ne me disait rien du tout, mais au fil du documentaire, j’ai découvert un animal qui n’était peut-être pas aussi noble que le cheval, mais qui était réfléchi, très doux, prolétaire, humble, endurant… Je me suis pris d’affection pour lui.»

Le court métrage a aussi été l’occasion d’aborder un autre sujet qui fascine le réalisateur, soit la maladie mentale. «Plus précisément la cruauté de la nature, qui enferme des gens dans une peau qui n’est pas la leur, souligne-t-il. Les transsexuels, par exemple, les gens qui naissent dans la peau d’un homme alors que ce sont des femmes. Ils sont prisonniers de quelque chose d’épouvantable. Et Edmond, lui, ne se reconnaît pas en tant qu’humain : de mon point de vue objectif, il est malade, mais je trouvais intéressant de jouer sur les deux tableaux. Si ça se trouve, il y a quelque chose de magique, et c’est vraiment un âne.»

Le film débutant par une narration de diverses personnes «ayant connu» Edmond, ce qui laisse présager une fin peu joyeuse, Franck Dion a eu l’occasion de travailler avec des comédiens, ce qui l’a beaucoup réjoui. «J’ai plusieurs passions : l’illustration, la sculpture, le cinéma, et le cinéma d’animation réunit tout ça, fait-il remarquer. Mais le travail avec des acteurs – je suis comédien de formation – me manquait, alors j’ai eu envie d’intégrer de la narration cette fois-ci.»

Edmond était un âne a aussi été l’occasion d’explorer une technique d’animation différente, soit la 3D. «Mon premier, L’inventaire fantôme, c’était de la poupée animée, rappelle le cinéaste. Le deuxième, Monsieur Cok, du papier découpé avec de la maquette. Et là, c’était la première fois que je faisais de l’image de synthèse avec du CGI. J’avoue que ça m’a posé des soucis d’ordre artistique assez importants. J’ai eu des déconvenues au milieu du film ce n’était pas du tout ce que je voulais, ç’a été une production assez difficile pour ça, j’ai vécu beaucoup de doutes… Et puis, au final, le goût est revenu, je me suis dit que j’allais me débrouiller avec ce que j’avais.»

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Ce qui n’était pas si mal, manifestement, puisque le film s’est vu octroyer le prix spécial du jury au prestigieux festival du film d’animation d’Annecy. «C’est très, très dur après d’avoir du recul sur son propre film, admet le réalisateur. Et ce n’est pas impossible que je touche à nouveau à la 3D, malgré tout!»

Conseil de pro
Pour cette deuxième visite au Canada – la première ayant eu pour objet la postproduction d’Edmond était un âne à l’ONF –, Franck Dion offrira aujourd’hui à 14 h, à la Cinémathèque québécoise, une leçon de cinéma sur la scénarisation en animation dans le cadre des Sommets du cinéma d’animation de Montréal, qui se déroulent jusqu’à dimanche.

Alors, quel est le premier conseil que Franck Dion donnerait à un aspirant cinéaste en animation? «L’enthousiasme est important; entre autres, l’envie de regarder les films des autres, répond-il tout de go. Moi, par exemple, je suis autodidacte, et c’est principalement comme ça que je me suis formé : en me passionnant pour les films des autres.»

Edmond était un âne
Salle Claude-Jutra de la Cinémathèque québécoise
Jeudi à 19 h

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