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Boucar Diouf: Un humoriste pas comme les autres

Geneviève Vézina-Montplaisir - Métro

Boucar Diouf le dit lui-même : il n’est pas un humoriste comme les autres. Ce qu’il présente en spectacle – un amalgame d’humour, de contes de danse et de chansons – n’a pas son pareil dans l’industrie québécoise du rire. Dans le milieu, on ne le considère par vraiment comme un comique. Il ne se retrouve donc pas au gala Les Olivier et autres manifestations du genre… mais vous le croiserez parfois dans certains galas Juste pour rire.

Ce statut unique n’empêche par contre pas le Sénégalais d’origine de présenter aujourd’hui son deuxième spectacle, L’Afri­cassé-e, qui porte essentiellement sur l’identité et le métissage. «Je suis un Africain d’origine qui s’est enraciné au Québec, qui a épousé une Gaspésienne, qui a un enfant métis et qui se demande parfois qui il est, explique Boucar Diouf. L’Africasssé-e, c’est donc un mélange entre l’Afrique et le Québec, mais c’est aussi une allusion au plat qui est un assortiment de toutes sortes de choses. Un excellent plat, cela étant dit!»

Par ailleurs, sur scène, entre deux monologues, le conteur poussera la chansonnette avec son amoureuse, avec qui il est présentement en train de peaufiner un album. La famille, et surtout la famille métisse, est au cÅ“ur des sujets abordés dans L’Africassé-e. «Gérer une famille comme ça, ça nécessite des mini-commissions Bouchard- Taylor», souligne celui qui a dit, par exemple, s’être senti complètement démuni de­vant l’accouchement de sa femme, un événement au­quel les hommes n’ont pas accès au Sénégal.

Outre la danse, la mu­sique et le conte, ce qui distingue un spectacle de Boucar Diouf de celui d’un autre humoriste d’ici, c’est le plaisir évident que celui-ci prend à jouer avec les mots et à prodiguer quel­ques leçons de vie. «J’ai passé beaucoup de temps à cogiter ce spectacle, note-t-il. Je voulais que, quand les gens sortent de la salle, ils disent : « J’ai trouvé ça drôle, mais ça m’a fait réfléchir. »»

Autre pays, autres mœurs
Boucar Diouf a débarqué au Québec, plus précisément à Rimouski, il y a 19 ans, pour suivre des études en océanographie. Il a ensuite enseigné pendant plusieurs années la biochimie et la physiologie humaine. Ce sont ses étudiants qui, le voyant multiplier les blagues en classe, l’ont inscrit aux auditons du Festival Juste pour rire, qui passait à Rimouski au début des années 2000.

Celui qui a grandi dans une famille de cultivateurs d’arachides et d’éleveurs de zébus s’est alors fait remarquer. Il a ensuite fait son petit bonhomme de chemin sur scène, mais aussi à la télévision, où il coanimera cet été Des kiwis et des hommes pour une quatrième année. Le plus drôle dans tout cela, c’est que si, ici, le visage sympathique de l’ancien scientifique nous est familier, au Sénégal, ses parents ne sont pas du tout au courant de son nouveau choix de vie!

«Dans l’ouest de l’Afrique, les arts de la scène sont réservés à une caste spéciale, les griots, mais ceux-ci sont considérés comme faisant partie d’une caste inférieure, explique celui qui est le sixième d’une famille de neuf enfants nés de trois mères différentes. Si tu n’es pas griot par le sang, tu ne peux pas faire ça. Pour mon père, qui est très ancré dans la tradition, l’humour, c’est un art banal, alors que l’enseignement, c’est un métier noble. Des fois, il m’appelle et me demande : « Comment ça va l’enseignement? »Je lui dis : « Ça va bien! »»

L’Africassé-e
Au Gesù
Les 3, 6 et 13 février

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