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Paradis perdu: Beauté amère

Sans aucun doute, le spectacle très attendu de Dominic Champagne, présenté hier soir en grande première au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts est irréprochable sur le plan esthétique. Débordant d’images très fortes, ce qui se veut une ode à la beauté du monde ressemble par contre davantage à une critique de l’homme et de sa nature.

D’entrée de jeu, on ne peut rester insensible à la première scène de Paradis perdu, où un jeune homme qui fait rire la foule avec son ourson, seul dans un monde apocalyptique, se fait fusiller  dans un bruit assourdissant. Pierre Lebeau, dans le rôle du Poète, nous raconte ensuite de sa voix ensorcelante et de façon tout à fait magistrale l’histoire du dernier soldat sur Terre, qui rêve de recréer le monde. Celui-ci troquera donc son fusil contre un rateau… mais l’arme reviendra si souvent entre ses mains qu’on en viendra à penser que la nature destructrice de l’homme est inévitable.

Comme l’expliquait Jean Lemire à Métro la semaine dernière, Paradis perdu, c’est la dualité du jardinier et du soldat en nous. Mais on aurait aimé qu’on nous laisse croire que le jardinier pouvait l’emporter sur le soldat au bout du compte.

Plus noir que vert
Spectacle plus noir que vert, donc. Mais pas tout noir.  Car les images de la nature qui défilent sur scène, rehaussées d’effets spéciaux et 3D, rendent hommage de façon spectaculaire à la nature. Juste pour ces images, Paradis perdu vaut la peine d’être vu.

L’excellent travail d’Olivier Goulet pour les images et de Michel Crête à la scénographie mérite d’être souligné en gras. D’ailleurs, une chose est sûre quant à Paradis perdu : ce spectacle de grande envergure est bourré de talent. Sans oublier Pierre Lebeau, mentionné plus haut, les acteurs, danseurs, et performeurs Rodrigue Proteau, Goss Meeswsen et Esther Gaudette sont tous magnifiques à voir bouger et onduler sur scène, quoiqu’on aurait parfois aimé qu’ils rampent un peu moins souvent sur le sol de poussière.

Le texte et la mise en scène de Dominic Champagne, malgré quelques longueurs, collent bien au rythme poétique de l’Å“uvre, ponctuée de touches d’humour et réglé au quart de tour.
La foule a d’ailleurs donné une chaude main d’applaudissements à la fin du spectacle aux acteurs, danseurs et créateurs. Et malgré le goût amer qu’ils nous laissent au sujet de l’humanité, les créateurs de Paradis perdu ont à tout le moins réussi leur pari de nous faire réfléchir sur notre monde et sa beauté en péril.

Paradis perdu
À la salle Maisonneuve de la Place des arts
Jusqu’au 6 février et du 11 au 13 février
Dans le cadre du Festival Montréal en lumière les 18, 19 et 20 février

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