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Jean Dujardin dans Lucky Luke: Sentir le cow-boy en soi

Jérôme Vermelin - Métro France

Jean Dujardin est la tête d’affiche de Lucky Luke, l’adaptation de la BD de Morris réalisée par James Huth. L’acteur s’est entretenu  avec Métro.

Qui a eu l’idée de cette adaptation de Lucky Luke?
Brigitte Maccioni, la patronne d’UGC, avait les droits de la bande dessinée et a appelé James Huth pour lui proposer de faire Lucky Luke. Ensuite, James est venu me voir et je ne me suis pas trop posé de questions. J’avais ma proposition de Lucky Luke, je le ressentais physiquement…

Vous vous étiez déjà imaginé dans la peau du personnage?
J’avais déjà joué un cow-boy blagueur dans les Dalton avec Eric et Ramzy. On avait même prononcé mon nom à l’époque pour un Lucky Luke qui ne s’était finalement pas fait. C’est peut-être mieux comme ça, car je suis ravi de l’avoir fait avec James.

James Huth dit que beaucoup de gens vous ont suggéré de ne pas le faire. Qui sont ces «gens»?
Ce sont des «bruits de métier», des acteurs, des réalisateurs qui ne te le disent pas directement, mais qui t’expliquent qu’ils ont entendu quelqu’un, etc. Mainte­nant, lorsque j’en parle avec des potes de ma génération, ils me disent qu’ils rêvaient tous de le faire. Même si, avec un tel projet, on sait qu’on va être flingué avant même que le film ne soit tourné, car Lucky Luke ne nous appartient pas.

Une partie du public aura une idée bien précise du film qu’elle veut voir… Or, vous avez pris pas mal de libertés avec la BD!
On ne peut pas transposer la BD à l’écran et il faut forcément prendre des libertés. Par exemple, pour Billy the Kid, on ne pouvait pas filmer un gamin avec des flingues. Il fallait donc un mec qui ait l’énergie, la connerie de l’enfance, et Michael Youn est assez évident. Après, si Lucky Luke appartient à tout le monde, il m’appartient aussi. Je fais mon Lucky Luke, même si c’est arrogant pour certains. En tout cas, je ne pouvais pas jouer un dessin. Je suis fait de chair et de sang et je voulais incarner le personnage avec du sentiment, de l’émotion. Je demande juste aux gens de me donner la permission de le faire. Parce qu’adapter Lucky Luke, c’est un peu le trahir.

C’est pour vous l’approprier davantage que vous êtes co-scénariste du film?
J’ai proposé des choses, avec l’idée de creuser le personnage, de lui faire poser les flingues, d’aller vers un truc plus romantique. La dernière case, lorsqu’il s’en va vers le soleil couchant, c’est aussi ça que je voulais. Lucky Luke, il est tellement parfait que si on le laissait faire, le film serait terminé au bout de 30 minutes. Or, là, j’ai voulu «pété» mentalement le personnage, un peu comme lorsque Zidane se fait expulser de la finale de la Coupe du monde. J’ai voulu le jouer au premier degré, même si le film a aussi un côté récréatif et déconnant.

C’est un travail très différent d’OSS 117?
OSS, c’est du texte, des vannes brûlantes et il faut faire gaffe à la façon de les dire. Lucky Luke, c’est plus une affaire de «cases». Le décor est énorme, les costumes sont magnifiques, et je devais travailler davantage avec le corps qu’avec la voix. La mise en scène était millimétrée et il fallait faire attention au moindre talon de botte qui rentre dans le cadre, tout ça en picorant dans la BD à laquelle on est quand même restés très, très fidèles.

Luky Luke
En salle le 29 janvier

Un western à la française

Quatre ans après le carton de Brice de Nice, le réalisateur James Huth retrouve Jean Dujardin pour l’adaptation attendue de Lucky Luke. Toute une aventure que le cinéaste a partagée avec Métro.

Lucky Luke au cinéma : est-ce que ç’a été un vrai casse-tête?
Il y a plein d’écueils, le premier étant qu’on s’attaque au western, l’un des genres les plus riches de l’histoire du cinéma, de Howard Hawks à Sergio Leone, en passant par John Ford, jusqu’à 3:10 to Yuma. Il fallait donc échapper à la pâle copie, à la référence. Mais ce n’est pas si difficile, car Lucky Luke est un truc unique, un «western frites» avec des comédiens français qui s’imposent de plain-pied dans la culture américaine. Et sans s’excuser!

Pourquoi avoir posé vos caméras en Argentine?
Je n’y étais jamais allé, mais je sentais qu’il fallait un endroit qui n’appartienne qu’à Lucky Luke, qu’on n’ait pas vu au cinoche et qui ait cette vérité de l’Ouest, cette force de la nature. On a travaillé avec une équipe argentine et le tournage en lui-même a été une véritable aventure de Lucky Luke. On est allés chercher les décors entre 2 000 et 4 000 m d’altitude dans la cordillère des Andes, à des heures de route du moindre hôtel, sans le moindre câble électrique.

Votre scénario n’est l’adaptation d’aucun album en particulier. Pourquoi?
Avec Jean et la scénariste Sonja Shillito, on avait envie de savoir qui est réellement Lucky Luke. Luke, c’est son nom ou son prénom? Pourquoi le surnomme-t-on Lucky? Et où sont ses parents? Pourquoi est-ce qu’il ne tue jamais personne? Et pourquoi est-ce qu’il tire plus vite que son ombre? On avait envie d’avoir toutes ces réponses. Alors, autant écrire une histoire qui n’existe pas, une initiative renforcée par le fait qu’UGC possédait les droits de tous les albums. On s’est dit qu’on allait en prendre le meilleur, même si certains personnages sont restés de côté.

Vous les gardez au chaud pour la suite?
Les Dalton se reposent et Rantanplan les garde! (rire) C’est vrai qu’après avoir choisi Jesse James, Calamity Jane et Billy the kid, on s’est dit que les Dalton prendraient
beaucoup de place. Cela dit, nous n’avons pas pensé à une éventuelle suite. On voulait
seulement réussir ce film centré sur Lucky Luke.

Jean Dujardin a-t-il beaucoup changé depuis Brice de Nice?

Il a beaucoup progressé. C’est un mec qui bosse toujours beaucoup, mais surtout, c’est devenu un homme. D’ailleurs, ce sont ses vrais poils dans le film! (rires) Jean a désormais le côté lourd, sexy et posé des héros de western. Il était mûr pour jouer un cow-boy, alors qu’à l’époque de Brice de Nice, il avait encore un côté adolescent attardé qui correspondait parfaitement au personnage.

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