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Boni Suba: La bande des six

Sur papier, Boni Suba présente les caractéristiques d’un groupe rock en bonne et due forme : six blancs-becs dans la vingtaine se partageant voix, guitares, batterie et basse au sein d’une formation ayant fait paraître son premier album éponyme aux Disque de La Tribu, l’étiquette indie québécoise par excellence.

Dans les faits, l’histoire est tout autre. Le sextuor montréalais propose une musique for­­tement influencée par le hip-hop, un style qui, selon deux de ses membres, lui donne la permission d’oser et de sortir des sentiers battus quand vient le temps de composer des chansons originales. «Le rap nous permet d’avoir des textes plus longs, plus étoffés. Et grâce à ça, nos chansons s’éloignent un peu des structures caractéristiques de la pop», explique Fran­çois Beaudoin-Jaworski qui, avec Julien Payette-Tessier, assurent les guitares du collectif.

Le mélange des genres proposé par Boni Suba ne confond pas seulement la critique. Les principaux intéressés peinent eux aussi à qualifier le fruit de leurs efforts.  Aussi juste soit-elle, la définition qu’ils fournissent sur leur page Facebook a de quoi soulever plusieurs questions. S’agirait-il vraiment de «néo-rap instrumenté sur du rock-blues-funk»? «On a de la difficulté à décrire notre style, admet Julien. Je suppose que ça vient du fait qu’on est six dans le band et que chacun arrive avec ses propres influences.»

Ascension rapide
Olivier, Thierry, Julien, François, Louis et Pascal ont commencé à faire de la musique – chacun de leur côté – à l’école secondaire, au Collège Mont-Saint-Louis, dans Ahuntsic. Mais ce n’est qu’il y a deux ans, après plusieurs séances de jam «au bord de l’eau», que les gars ont décidé de passer à la vitesse supérieure et de former un véritable groupe.

Quelques spectacles plus tard (dont un concert-bénéfice pour le Burkina Faso au Petit Campus), la jeune formation enregistrait, en décembre 2008, son tout premier démo professionnel. Si quelques membres ressentaient une certaine fébrilité en début de séance, toute trace de nervosité s’était envolée en milieu de journée. «C’est l’avantage d’être six dans un groupe : s’il y en a trois qui sont stressés, deux qui ne savent pas quoi faire et un qui niaise, ça va inévitablement pencher vers le niaisage, raconte François. Le niveau intellectuel d’une gang de gars est assez bas.»

La majorité des titres de Boni Suba reflètent cet esprit désinvolte et résolument cool, à commencer par Boombaklat, un hymne aux fêtes bien arrosées. Même chose pour Bounce et Gros jam, «deux tounes de party». Ces pièces côtoient toutefois des morceaux aux propos plus graves, dont Suis la vague (un pamphlet écolo), Quand j’étais petit (la perte de l’innocence) et Gauche (le capitalisme). «On ne se qualifie pas d’artistes engagés, on n’est pas particulièrement revendicateurs, mais ça ne nous empêche pas d’avoir l’esprit critique. Ça nous arrive souvent de débattre sur des enjeux de société qui nous tiennent à cÅ“ur, souligne François. Mais on ne pourra jamais faire un album sérieux de A à Z. On a trop de fun ensemble.»

Boni Suba
En première partie de Dumas
Au National
Du 21 au 23 janvier à 20 h

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