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The Lovely Bones: une histoire de violence

Ned Ehrbar - Metro World News

Lorsque le réalisateur et coscénariste Peter Jackson (The Lord of the Rings) a décidé de porter à l’écran le roman The Lovely Bones (La nostalgie de l’ange) d’Alice Sebold, il savait que le succès du film reposerait autant sur le choix de l’interprète de la jeune fille assassinée, Susie Salmon (narrée par Saoirse Ronan), que sur celui de son meurtrier, George Harvey.

Pour tenir son pari, Peter Jackson s’est tourné vers l’acteur très expérimenté qu’est Stanley Tucci. «Plusieurs personnes m’ont confié qu’elles n’assu­meraient jamais ce rôle, car elles ne pouvaient s’imaginer être dans les souliers de cet homme pendant des mois», se souvient Jackson.

Tucci admet lui aussi avoir eu des réserves à propos du rôle. «J’ai été très réticent au début à accepter de jouer ce personnage. J’ai des enfants et j’ai beaucoup de difficulté à lire un livre ou à regarder un film qui traite de la violence faite à des enfants», raconte le comédien, qu’on a pu voir camper le mari aimant de Julia Child (Meryl Streep) dans Julie & Julia. «Je n’aime pas ce qui porte sur les tueurs en série, car c’est souvent gratuit ou pornographique.»

Heureusement pour lui, Tucci ne vient pas de l’école d’art dramatique Actors Studio, où l’on préconise la méthode Stanislavski, une technique de jeu qui se base sur l’improvisation, la recherche sur la mémoire sensorielle, le passé du personnage, le geste psycho­logique.

«Je vais pousser mon jeu aussi loin que je le dois pour que vous me croyiez, raconte Tucci. Mais au bout du compte, c’est une simulation. Si je ne ressens rien pendant que je joue une scène, ça ne fait pas vraiment de différence. Ce qui fait une différence, par contre, c’est ce que le spectateur ressent lorsqu’il me regarde. Si vous me croyez, c’est tout ce qui importe.»

Jackson voit les choses différemment : «Je crois que Stanley a détesté être dans la peau de ce personnage. En fin de journée, il essayait de se débarrasser de la carapace qu’il portait.»

Tucci admet avoir eu ce genre de problème au début de l’aventure. «Une fois qu’on comprend qui est le personnage, il est plus facile de s’en détacher à la fin de journée.»

L’autocensure
Peter Jackson et Stanley Tucci ont été surpris par la réaction des gens à leur décision de ne pas montrer le viol et le meurtre de Susie dans le film, qui est coté 13 ans et plus. Le viol est pourtant décrit de façon explicite dans le roman à succès. «Quel niveau de violence et de tuerie faut-il pour que les gens soient satisfaits? demande Jackson. Je n’ai absolument aucun goût pour un film où l’on voit une jeune fille de 14 ans se faire tuer, même si la scène est courte. Je trouve repoussan­te toute forme de violence faite à un enfant.»

Tucci abonde dans le même sens. «Nous sommes tous d’accord avec le choix qu’a fait Peter de ne pas tourner cette scène. C’est beaucoup plus intéressant de laisser l’audience user de son imagination. Notre idée d’un viol est beaucoup plus sensationnelle que tout ce qui pourrait être montré dans un film.»

The Lovely Bones
En salle dès le 15 janvier

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