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The Twilight Zone: les angoisses intemporelles

Fugueuse

Bien avant Black Mirror et les angoisses partagées sur les médias sociaux après le visionnement d’un épisode, il y avait The Twilight Zone à la télévision.

Depuis 1959, le nom est associé à la série anthologique créée par Rod Serling et vous connaissez assurément le thème musical sans même avoir visionné un épisode. Il y a eu deux tentatives de relever le concept en plus d’un film depuis la première séquence de 5 saisons au début des années 60. Les 156 épisodes de cette première version font partie de l’histoire de la télévision et les récits ont été revisités des dizaines de fois sous plusieurs formes. De l’horreur à la science-fiction en passant par le suspense, les récits inquiétants de la Twilight Zone ont marqué une génération qui elle, ensuite, a marqué la génération suivante en fonction des cicatrices et des souvenirs laissés par les fables de Serling.

Jordan Peele dans The Twilight Zone
Jordan Peele dans The Twilight Zone

Cette semaine, Jordan Peele dévoile sa mouture du classique. Le réalisateur derrière Us et Get Out agit à titre de producteur et narrateur de ce retour de la série anthologique à l’écran et le premier épisode, The Comedian, est déjà disponible gratuitement en ligne avant la première diffusion jeudi soir.

La question qui tue: est-ce que la reprise tient la route pour les amateurs de l’original?

Oui, tout à fait. Même qu’on pourrait dire que Peele était l’homme tout désigné afin de conduire ce train vers la modernité avec ses hommages assumés aux méthodes d’antan, son maniérisme qui n’est pas étranger à celui d’Alfred Hitchcock à l’écran et son talent pour bien s’entourer.

D’ailleurs, avant de revisiter The Twilight Zone, il faut se souvenir pourquoi ce projet existait à la base. On parle d’une télévision pour contourner la censure de l’époque. On matérialisait des angoisses réelles, notamment la peur de la guerre froide, en remplaçant la réalité par des extra-terrestres et des phénomènes paranormaux. Le spectre des sentiments était humain, mais les mises en situation étaient suffisamment loin de la réalité pour acheter la paix des censeurs. La Twilight Zone reposait souvent sur des choix moraux extrapolés dans des récits incroyables. En 2019, on ne peut plus parler de censure à l’écran. Mais on peut parler de sujets chauds, de choix moraux et de tabous. Peele, qui ne cache pas son désir de promouvoir une diversité et une égalité, campe ses récits dans ces nouvelles angoisses et cette peur de l’autre.

L’autre a peut-être changé avec les années, mais la peur demeure et Peele sait comment s’abreuver à la source pour cette nouvelle mouture. Son cinéma nous l’a déjà témoigné avec brio et ce passage au petit écran est prometteur.

Comme on parle d’une série anthologique avec plusieurs auteurs, il y aura des épisodes pour tous les goûts et, forcément, des bons et des moins bons. The Comedian, le premier de la série avec Kumail Nanjiani et Tracy Morgan dans un rôle surprenant, est une solide entrée en matière et un récit en moins d’une heure qui vous gardera sur le bout de votre siège.

En hommage à la série d’origine, Peele apparaît à l’écran et s’adresse directement à la caméra afin de nous résumer le récit, ses enjeux et l’emprise de la Twilight Zone sur cette diégèse. C’est une mécanique qu’on n’utilise plus vraiment en télé ou au cinéma, mais c’est parfaitement dans le ton d’une reprise de la série et je dois avouer que ça ajoute énormément au visionnement. Ce bris du 4e mur servira aussi à différencier The Twilight Zone de Black Mirror auprès de l’auditoire, possiblement à l’avantage de la production de Peele qui, à mon avis, aura beaucoup de succès et fera jaser.

Ne manquez surtout pas ça.

https://www.youtube.com/watch?v=ndeIPVbxmEE

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