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L’art de la défaite

Losers consacre un épisode à la patineuse française Surya Bonaly, qui a inventé plusieurs figures acrobatiques, dont le salto arrière. Photo: Netflix

Du milieu des affaires à la politique, le monde est obsédé par les gagnants. À l’opposé, le réalisateur Mickey Duzyj veut déstigmatiser la défaite avec sa nouvelle série Losers, offerte sur Netflix.

La série en huit épisodes documente le parcours de sportifs qui ont subi des défaites cuisantes, comme le boxeur Michael Bentt (qui a perdu par K.-O. son premier combat professionnel) et le golfeur Jean Van De Velde (qui a échappé l’Omnium britannique au 18e trou en 1999), mais qui ont su utiliser leur revers comme une motivation pour se bâtir une nouvelle vie.

Métro a rencontré Duzyk pour discuter de l’inspiration à l’origine de Losers et de la façon dont on devrait célébrer les échecs.

Pourquoi avoir tourné votre caméra vers les «perdants» du monde du sport?

La sagesse populaire veut qu’on apprenne plus de nos défaites que de nos victoires, mais qu’en est-il vraiment? Plusieurs histoires qu’on raconte dans la série se sont déroulées il y a 20 ou 30 ans, mais personne n’avait rencontré ces gens pour leur demander comment ils avaient évolué. On ne peut pas supposer que leur défaite les suive encore et leur pèse toujours sur les épaules. Il y a peut-être du positif qui peut être tiré de cette expérience.

La victoire à tout prix domine dans notre société. Est-ce nuisible? Ne devrions-nous pas avoir moins peur de l’échec?

La défaite est encore tabou, parce que nous valorisons les gens qui ont du succès, les champions, les riches, les politiciens qui ont gagné leurs élections. Nous croyons qu’ils sont sages et vertueux. Ceux qui ne se considèrent pas comme étant de leur côté ont honte, ils ont l’impression d’avoir échoué. La chose la plus dangereuse qui en découle est que plusieurs personnes ne tentent rien de peur d’échouer.

Ces sentiments de honte et de perte sont omniprésents dans nos vies. Ce qui est moins présent, ce sont les exemples positifs de gens qui ont vécu des défaites publiques humiliantes. Pourtant, plusieurs personnes que nous avons interviewées nous ont dit que l’échec leur avait révélé quelque chose sur elles-mêmes : leur intégrité, leur force de caractère ou ce qui était le plus important dans leur vie.

Les parents n’ont-ils pas un rôle important à jouer dans la relation des jeunes à la victoire et à la défaite?

Ce ne sont pas tous les athlètes qui ont une relation toxique avec leurs parents. Mais plusieurs des sportifs que nous avons rencontrés avaient des relations difficiles avec leurs parents, et l’échec a révélé qu’ils n’avaient pas de réel soutien familial. Ça en a forcé plusieurs à se regarder dans le miroir et à travailler pour que cette défaite ne devienne pas encore plus difficile à porter. Je crois que les parents doivent permettre à leurs enfants d’essayer de nouvelles choses, de se tromper et de se relever.

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